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Cannes 2014 : André Téchiné revisite l'affaire Le Roux-Agnelet

Six fois en compétition à Cannes, Prix de la mise en scène en 1985 pour "Rendez-vous", plusieurs fois sélectionné à Un Certain regard, présent à La Quinzaine des réalisateurs en 2011 avec "Impardonnables", André Téchiné est hors compétition cette année, avec "L'Homme qu'on aimait trop" qui reconstitue l'affaire Le Roux-Agnelet qui a défrayé la chronique jusqu'il y a peu.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Catherine Deneuve et Guillaume Canet dans "L'Homme qu'on aimait trop" d'André Téchiné
 (© Mars Distribution)
La note Culturebox
3 / 5                  ★★★☆☆

Réalisé par André Téchiné (France), avec Catherine Deneuve, Guillaume Canet, Adèle Haenel - 1h56 - Sortie : 16 juillet 2014

Synopsis : Nice, 1976. Agnès Le Roux, fille de la propriétaire du Palais de la Méditerranée, tombe amoureuse d’un bel avocat de dix ans son aîné, Maurice Agnelet. Il a d’autres liaisons, elle l’aime à la folie. Sur fond de guerre des casinos, il la met en relation avec Fratoni, le sulfureux concurrent de sa mère, qui lui offre trois millions de francs pour prendre le contrôle du casino. Agnès accepte mais supporte mal sa trahison. Maurice s’éloigne. Après une tentative de suicide, la jeune femme disparaît…
Distanciation
Fin psychologue, André Téchiné a tiré son fil d'Ariane pour adapter l'affaire Le Roux-Agnelet et du Casino niçois Le Palais de la Méditerrané, en se focalisant sur le trio Renée le Roux, sa fille Agnès et son mari Maurice Agnelet, respectivement interprétés par Catherine Deneuve, Adèle Haelle et Guillaume Canet. Excellent casting au demeurant, parfaitement en accord avec les rôles et la direction du cinéaste. Un atout majeur qui recoupe les nombreuses qualités de ce film, en phase avec une tendance dominante de cette 67e édition, où de nombreux films portent à l'écran des "histoires vraies".

Téchiné a travaillé de concert avec Jean-Charles Le Roux, fils de Renée Le Roux, à partir de son ouvrage "Une femme face à la Mafia" (Albin Michel) qui relate l'histoire de l'accaparation de son casino par Jean-Dominique Fratoni. Tenant des sources de première main, toutefois orientées, il s'est efforcé de tenir ses distances, ce qui se vérifie à la vision du film. Ce qui intéresse Téchiné dans ce drame, c'est la relation de Renée Le Roux avec sa fille Agnès et son gendre Maurice Agnelet. Un jeu de manipulation selon la première intéressée, qui a récemment gagné son énième procès contre le mari de sa fille, finalement reconnu comme étant l'assassin d'Agnès.
Adèle Haenel et Guillaume Canet dans "L'Homme qu'on aimait trop" d'André Téchiné
 (© Mars Distribution)
Deneuve royale
Le cinéaste suit une forme classique pour mieux clarifier les faits qui jalonnent une histoire complexe. Celle de l'amour fou d'Agnès pour Maurice, de l'ambition de ce dernier, contrarié par des origines modestes, Rastignac qui va orchestrer la ruine d'une richissime famille, et Renée qui ne cesse de subodorer le jeu manipulateur de son gendre, seulement intéressé par la fortune de sa femme. Catherine Deneuve est une fois de plus époustouflante de vérité dans un rôle parfaitement à sa mesure. Détachée de toute contrainte carriériste, elle fait depuis quelques années ce qu'elle veut, excelle dans ses choix d'actrice et donne tout ce qu'elle a avec une sincérité confondante.

Certains reprocheront au film, son manque d'audace formelle, ses salons aux lambris dorés, ses alcôves feutrées, et autres piscines azuréennes. Mais n'est-ce pas le monde dans lequel évoluent ces gens ? Quant aux procès, difficile de passer outre, tant ils imprègnent l'affaire et la psychologie de Renée Le Roux qui, 30 ans après les faits, se portait partie civile contre Agnelet, convaincue de sa culpabilité. A ce sujet, les maquillages vieillissant Catherine Deneuve et Guillaume Canet sont remarquables. Quant aux procès, Téchiné les intègre parfaitement au récit sans en faire le pivot ou l'enjeu de son thriller psychologique. De nombreuses zones d'ombre demeurent, le corps d'Agnès n'ayant jamais été retrouvé et aucune scène de crime n'ayant permis d'apporter d'indices. Une étrange affaire.    

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