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Cannes 2014 : "The Homesman", Tommy Lee Jones dans un Far-West humaniste
Tommy Lee Jones signe derrière et devant la caméra un magnifique western atypique qui concourt pour la Palme d'or. Western ? Le réalisateur dit qu'il "ne sait pas ce que cela veut dire, sinon un film avec des chevaux, des personnages au grand chapeau, avec des carrioles, filmé au sud du Missouri". Son film va bien plus loin, avec au centre le rôle de la femme dans la conquête de l'Ouest : rare.
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La note Culturebox
4 / 5 ★★★★☆
4 / 5 ★★★★☆
Réalisé par Tommy Lee Jones (Etats-Unis), avec : Tommy Lee Jones, Hilary Swank, Meryl Streep, Hailee Steinfeld, James Spader - 2h02 - Sortie : 18 mai 2014
Synopsis : En 1854, trois femmes ayant perdu la raison sont confiées à Mary Bee Cuddy, une pionnière forte et indépendante originaire du Nebraska. Sur sa route vers l’Iowa, où ces femmes pourront trouver refuge, elle croise le chemin de George Briggs, un rustre vagabond qu’elle sauve d’une mort imminente. Ils décident de s'associer afin de faire face, ensemble, à la rudesse et aux dangers qui sévissent dans les vastes étendues de la Frontière américaine.
"Film d'époque"
Premier film américain de la compétition, "The Homesman" de Tommy Lee Jones voit une belle distribution à l'écran, outre son réalisateur : Hillary Swank, Meryl Streep, James Spader, William Fichtner et John Lithgow. L'acteur-réalisateur avait remporté le Prix d'interprétation masculine au Festival 2005, pour "Trois enterrements", le premier film signé de sa patte. Pour creuser la pensée du cinéaste, la plupart des westerns se situent dans les années 1880-90, quand l'Ouest est conquis, ou presque, alors que "The Homesman" se déroule en 1854, en pleine conquête de l'Ouest, à l'ère des pionniers. Au lieu de "western", Tommy Lee Jones préfèrerait que l'on parle de "film d'époque".
En effet son nouveau long métrage relève de l'histoire de l'Ouest, mais s'apparente à un road movie en carriole tirée par des chevaux, doublé d'une approche de la femme dans ce contexte, de la folie mentale et de l'expérience initiatique d'un escroc filou à leur contact. Le scénario, déduit d'un roman de Glendon Swaerthout, est une petite merveille, une horloge de précision, avec des personnages hauts en couleurs, des péripéties renouvelées tous le long, et un coup de théâtre qui laisse pantois pour relancer l'action. Les paysages, filmés dans un scope somptueux, d'une horizontalité métaphysique tranchée par la ligne d'horizon, deviennent un véritable acteur du film, comme participant au destin des personnages. "Film humaniste"
Beaucoup de films de l'Ouest se fondent sur un récit autour d'une vengeance. "The Homesman" tourne le dos à ce poncif en mettant un escroc à la merci d'une femme de tête, engagée dans une mission à risques. Ce duo improbable rappelle celui que composait Clint Eastwood, en aventurier désabusé, et Shirley McLaine, en fausse nonne, dans "Sierra torride" (1970) de Don Siegel. Les enjeux ne sont pas les mêmes, mais le duo masculin-féminin pris dans un périple à travers le Mexique ou le Nouveau-Mexique (où a été tourné "The Homesman") rapprochent les deux films, sans oublier leur humour commun.
A la question de savoir si Tommy Lee Jones a réalisé un film féministe, il répond : "si c'est une de ses composantes, c'est avant tout un film humaniste". Belle pirouette, au final des plus justes, puisque son "Homesman" évolue d'un escroc patenté à celui de gardien bienveillant, comme s'il se rapprochait de la civilisation. Mais le bout de son voyage ne s'arrêtera pas là… La fin est de ce point de vue des plus réussies, sur un ton jubilatoire du meilleur cru. Les bonnes fins sont si rares. La mise en scène est splendide, avec des actrices formidables dans trois rôles de folles, incapables de prononcer un mot, mais qui savent se faire entendre (Grace Gummer, Miranda Otto, Sonja Richter) ; une pionnière solitaire, forte et indépendante (Hilary Swank), ainsi qu'un Tommy Lee Jones variant sur une palette de tons constamment changeante. Le décor du Grand Hôtel bleu planté au milieu du désert est surréaliste, époustouflant, à l'image de ce film qui renoue avec un cinéma de genre dans le sens noble terme, distrayant, haletant et à la richesse thématique foisonnante.
Premier film américain de la compétition, "The Homesman" de Tommy Lee Jones voit une belle distribution à l'écran, outre son réalisateur : Hillary Swank, Meryl Streep, James Spader, William Fichtner et John Lithgow. L'acteur-réalisateur avait remporté le Prix d'interprétation masculine au Festival 2005, pour "Trois enterrements", le premier film signé de sa patte. Pour creuser la pensée du cinéaste, la plupart des westerns se situent dans les années 1880-90, quand l'Ouest est conquis, ou presque, alors que "The Homesman" se déroule en 1854, en pleine conquête de l'Ouest, à l'ère des pionniers. Au lieu de "western", Tommy Lee Jones préfèrerait que l'on parle de "film d'époque".
En effet son nouveau long métrage relève de l'histoire de l'Ouest, mais s'apparente à un road movie en carriole tirée par des chevaux, doublé d'une approche de la femme dans ce contexte, de la folie mentale et de l'expérience initiatique d'un escroc filou à leur contact. Le scénario, déduit d'un roman de Glendon Swaerthout, est une petite merveille, une horloge de précision, avec des personnages hauts en couleurs, des péripéties renouvelées tous le long, et un coup de théâtre qui laisse pantois pour relancer l'action. Les paysages, filmés dans un scope somptueux, d'une horizontalité métaphysique tranchée par la ligne d'horizon, deviennent un véritable acteur du film, comme participant au destin des personnages. "Film humaniste"
Beaucoup de films de l'Ouest se fondent sur un récit autour d'une vengeance. "The Homesman" tourne le dos à ce poncif en mettant un escroc à la merci d'une femme de tête, engagée dans une mission à risques. Ce duo improbable rappelle celui que composait Clint Eastwood, en aventurier désabusé, et Shirley McLaine, en fausse nonne, dans "Sierra torride" (1970) de Don Siegel. Les enjeux ne sont pas les mêmes, mais le duo masculin-féminin pris dans un périple à travers le Mexique ou le Nouveau-Mexique (où a été tourné "The Homesman") rapprochent les deux films, sans oublier leur humour commun.
A la question de savoir si Tommy Lee Jones a réalisé un film féministe, il répond : "si c'est une de ses composantes, c'est avant tout un film humaniste". Belle pirouette, au final des plus justes, puisque son "Homesman" évolue d'un escroc patenté à celui de gardien bienveillant, comme s'il se rapprochait de la civilisation. Mais le bout de son voyage ne s'arrêtera pas là… La fin est de ce point de vue des plus réussies, sur un ton jubilatoire du meilleur cru. Les bonnes fins sont si rares. La mise en scène est splendide, avec des actrices formidables dans trois rôles de folles, incapables de prononcer un mot, mais qui savent se faire entendre (Grace Gummer, Miranda Otto, Sonja Richter) ; une pionnière solitaire, forte et indépendante (Hilary Swank), ainsi qu'un Tommy Lee Jones variant sur une palette de tons constamment changeante. Le décor du Grand Hôtel bleu planté au milieu du désert est surréaliste, époustouflant, à l'image de ce film qui renoue avec un cinéma de genre dans le sens noble terme, distrayant, haletant et à la richesse thématique foisonnante.
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