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Cannes 2016. "La fille inconnue" : polar froid à la sauce Dardenne

Pour leur septième présence en compétition officielle à Cannes, les frères Dardenne nous livrent un film de genre centré sur le personnage de Jenny, jeune médecin rongée par la culpabilité. Sobre, élégant et comme souvent avec eux, sans surprise.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Adèle Haenel dans "La Fille inconnue des frères Dardenne"
 (Christine Plenus)

Jenny est une jeune médecin généraliste. Une médecin talentueuse. Elle vient d’obtenir une promotion. Elle est passionnée et professionnelle. Sans doute un peu trop. Elle forme, à son cabinet, un stagiaire et tente de le façonner à son image.
 
"Si tu veux être un bon médecin, tu dois être plus fort que tes émotions", lui répète-t-elle, inlassablement. D’émotions, elle n’en a sans doute pas beaucoup. Ou parvient aisément à les dissimuler sous sa carapace de vigueur et de rigidité.
 

Culpabilité

Un soir, alors que le cabinet a fermé depuis une bonne heure, Jenny entend sonner. Son stagiaire voudrait ouvrir. Elle l’en empêche. "Si ça avait été important, ça aurait sonné une deuxième fois". Le lendemain, elle apprend qu’une jeune fille a été retrouvée assassinée, non loin de là. Une jeune fille sans identité. Une "fille inconnue". Rongée par le remords, elle fera tout pour mettre un nom sur ce corps.
 
Les frères Dardenne nous livre là un film de genre dont ils sont peu coutumiers, tout en préservant toute la sève de leur cinéma. Car rien n’a vraiment changé. Des images livrées brutes. Celles de ces personnages composites, de cette ville de Seraing en Belgique, anciennement ouvrière. Un film sans fard, sans prétentions esthétiques, à la fois sombre et empli de sobriété.
Jean-Pierre et Luc Dardenne en Belgique en 2011
 (VIRGINIE LEFOUR / BELGA MAG / BELGA)


Responsabilités

Avec en fond, une réflexion sur la culpabilité. Celle de chacun d'entre nous, dans un monde de plus en plus individualiste. Comme si cette intrigue, efficace sans être magnifiquement tissée, n’était là que pour parler d'autre chose. Comme si les cinéastes belges nous mettaient face à nos propres responsabilités.
 
Le plus important dans cette histoire, ce n’est pas la mort de cette fille que personne ne semble connaître et dont personne ne se soucie vraiment, mais bien la réaction de chacun face à cet événement. On retrouve, par instant, la radicalité d’un "Rosetta", Palme d’or à Cannes en 1999, avec une Émilie Dequenne sublime en femme prête à tout pour continuer à vivre normalement.
 
Si leur dernière œuvre n’a ni la flamboyance de cette première Palme, ni l’ampleur de leur seconde, "L’enfant", drame sur la précarité et la famille, elle reste une belle proposition de cinéma. Certes parfois répétitive et il faut bien le reconnaître un peu assommante, mais portée par le jeu intense et sans artifice d’une Adèle Haenel, encore une fois remarquable.

LA FICHE

Drame de Luc et Jean-Pierre Dardenne - Avec Adèle Haenel, Jérémie Renier et Olivier Gourmet - Durée : 1h53. Sortie le 12 octobre 2016.

Synopsis : Un soir, après l’heure de fermeture de son cabinet, Jenny, jeune médecin généraliste, entend sonner mais ne va pas ouvrir. Le lendemain, elle apprend par la police qu’on a retrouvé, non loin de là, une jeune fille morte, sans identité.

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