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"Climax", le nouveau film extrême de Gaspar Noé

Avec ses films aux limites de l’expérimental ("Irréversible", "Enter the Voïd", "Love"…), Gaspar Noé est le réalisateur qui empêche le cinéma français de tourner en rond. "Climax", long métrage inclassable, bouscule encore les frontières. Beau, violent et éprouvant, un film à vivre comme une expérience de cinéma ultime : âmes sensibles s’abstenir…
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
 Souheila Yacoub dans "Climax" de Gaspar Noé
 (Wild Bunch Distribution)

Danse macabre

On peut compter sur Gaspar Noé pour ne pas suivre les codes d’écriture, de mise en scène et de filmage habituels. Ainsi "Climax" commence par la fin, enchaînant sur le générique final, comme c’était le cas d’"Irréversible". Une introduction qui n’enlève rien à la teneur dramatique, non moins iconoclaste, de son nouveau film. A l’issue d’une dernière répétition, une troupe de danseurs et danseuses voguing (chorégraphie compulsive) célèbre une fête arrosée d’une sangria. L’un d’eux (l’une) a versé dans la mixture une drogue puissante que tous, ou presque, vont boire à leur insu, transformant la célébration en un carnage.
La drogue, le sexe et la violence sont des thèmes récurrents du cinéma de Noé. Si leur tonalité n’est pas foncièrement "joyeuse", ses films sont habités d’une vitalité et d’une énergie rares, tout comme les émotions qu’ils véhiculent. Il faut toutefois s’accrocher, tant ils sont puissants, voire dérangeants. Tout le monde à en mémoire la reconstitution en temps réel du viol de Monica Bellucci dans "Irréversible". Ce temps réel revient dans "Climax", dans de magnifiques chorégraphies filmées in extenso et une prédilection donnée aux plans-séquence. Mais cette fête du corps que subliment ces scènes, va évoluer en une implacable danse macabre…

Le chaos final

La drogue versée dans la sangria par un (une) des protagonistes semble une tentative nihiliste de son (sa) instigateur(trice) pour faire ressortir les pulsions de vie et de mort de ses congénères. Elles sont définies dans la première partie du film, où transparaissent les conflits entre les membres de la troupe, pour beaucoup habités par des frustrations sentimentales et sexuelles qui vont s’extérioriser avec violence par la suite. Entre les deux, s’insère le générique des nombreuses musiques qui saturent la bande sonore du film, alors que des textes viennent sporadiquement envahir l’écran à la manière d’un Jean-Luc Godard.
Sofia Boutella et Kiddy Smile dans "Climax" de Gaspar Noé
 (Wild Bunch Distribution)
Après une majorité de plans fixes, un maelstrom d’images et de sons, de mouvements de caméra incessants, de plongées, tournoiements constants, envahissent l’écran jusqu’à un chaos final effrayant et perturbant. La mise en scène réussit à faire ressentir une véritable sensation physique, Gaspar Noé parvenant à transmettre au spectateur le sens profond d’un film charnel, incarné (son premier court métrage s’appelle "Carne"). Spasmophiles et sensibles au vertige pourraient en être chavirés… "Climax" aboutit à un incroyable déluge visuel et sonore. Au coeur de sa métaphysique existentielle, l’irrépressible quête d’un plaisir vital, mais fugace.
"Climax" : l'affiche
 ( Wild Bunch Distribution )

LA FICHE

Genre : Drame
Réalisateur : Gaspar Noé
Pays : France
Avec :  Sofia Boutella, Romain Guillermic, Souheila Yacoub, Kiddy Smile, Claude Gajan Maull, Giselle Palmer, Taylor Castel, Thea Carla Schott
Interdit aux moins de 16 ans
Durée : 1h35
Sortie : 19 septembre 2018

Synopsis : A l’issue d’une dernière répétition, une troupe de danseurs voguing célèbre une fête arrosée d’une sangria. L’un d’eux a versé dans la mixture une drogue puissante que tous, ou presque, vont boire à leur insu, transformant la célébration en un carnage. 

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