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"Comment j'ai détesté les Maths" nous apprend à les comprendre

Comment rendre cinématographique un documentaire sur un sujet, à priori, aussi cérébral que les mathématiques ? C’est le pari qu’a relevé sur plus de trois ans de tournage, Olivier Payon, en mettant à plat la question de leur enseignement et de leurs implications exponentielles dans nos vies depuis 40 ans. Voyage au pays des équations à plusieurs inconnues et autres algorithmes.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le mathématicien Cédric Villani lors de sa remise de la médaille Field dans "Comment j'ai détesté les Maths" d'Olivier Peyon 
 (Haut et Court )

Documentaire de Olivier Payon (France), avec : Cédric Villani, François Sauvageot, Anne Siety, Jean-Pierre Bourguignon, Jim Simons - 1h43 - Sortie : 27 novembre 2014

Synopsis : Les maths vous ont toujours barbé, vous avez toujours pensé qu’être nul en maths était une fatalité, bref vous les avez toujours détestées ! On aurait pu se contenter d’en rire si elles n’avaient pris une telle place dans notre société : Apple, Google, Goldman Sachs ne sont plus qu’algorithmes et formules mathématiques. Comment les maths en sont-elles arrivées à souffrir d’une telle désaffection au moment même où elles dirigent le monde ?
A travers un voyage aux quatre coins du monde avec les plus grands mathématiciens dont Cédric Villani (Médaille Fields 2010), Comment j’ai détesté les maths nous raconte comment les mathématiques ont bouleversé notre monde, pour le meilleur… et parfois pour le pire.

Sélection clivante
Olivier Payon a construit son film de façon très didactique. Il part des méthodes d’enseignement des mathématiques depuis la fin des années 60, et leurs conséquences chez les élèves, en passant par leur vécu chez les mathématiciens du monde entier. Dans un second pan, le film traite de leurs implications dans notre vie quotidienne, par le biais des nouvelles technologies, mais aussi dans leurs conséquences, plutôt dramatiques, dans le domaine social.

Un parcours qui, au prime abord, n’est pas des plus sexys, mais qu’Olivier Payon rend payant en nous apprenant une foule de choses sur un sujet obscure pour une grande majorité, et passant pour rébarbatif. Qu’ils soient profs, chercheurs, psychologues ou entrepreneurs, tous s’accordent sur un malentendu fondamental, à la source de cette image négative des Maths : leur caractère sélectif au cours de la scolarité, fomenteur de blocage.

Le mathématicien Jim Simons dans "Comment j'ai détesté les Maths" d'Olivier Peyon
 (Haut et Court )

Sensibilité et applications
Autre cliché qui vole en éclat, celui de la froideur cérébrale identifiée aux Maths, les « matheux » du film se révélant d’une sensibilité extrême dès qu’ils parlent de leur « domaine », auquel ils identifient souvent le qualificatif de « beauté » dans l’élaboration de leurs recherches et autres théorèmes.Voir tous ces mathématiciens se rencontrer échanger et s’enthousiasmer lors de colloques, séminaires et autres symposiums, dans des ambiances très relaxes est des plus inattendus.

Longtemps restés dans le domaine de l’abstrait, les mathématiques ont un véritable impact sur nos vies quotidiennes dès qu’on leur a donné un caractère appliquée. La révolution majeure est évidemment la cybernétique, dès les années 50, qui a aujourd’hui envahi notre quotidien, avec l’usage de nos ordinateurs, d’Internet et de la téléphonie cellulaire. Elles se sont également exportées dans la gestion des finances bancaires, les cotations boursières s’effectuant par algorithmes à des vitesses folles, pouvant entraîner des dérapages suicidaires, comme la crise financière des subprimes. Les interventions parallèles dans le film de l’inventeur d’un tel système, Jim Simons, et de son contradicteur George Papanicolaou sont de ce point de vue des plus éclairantes. Une leçon de choses. 

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