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"Criminal : un espion dans la tête" : Kevin Costner en double Je

Kevin Costner fait preuve d'une belle constance et demeure une des plus grandes stars d'Hollywood, vu récemment dans "Superman VS Batman". Ariel Vromen, derrière la caméra, en est à son troisième thriller d'affilé. Il est donc bien rodé à l'exercice, ce qui se vérifie, malgré une fin ratée, trop consensuelle qui rejaillit sur tout le film
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Kevin Costner dans "Criminal : un espion dans la tête" de Ariel Vromen
 (Copyright Lionsgate)

Tête d'affiche

Kevin Costner porte littéralement le film sur les épaules dans une interprétation remarquable, où il endosse deux personnalités, puisque criminel au psychisme défaillant, il se voit investi de la mémoire d'un espion de CIA, bien sous tous rapports, décédé. Ce postulat de science-fiction passe comme une lettre à La Poste, avec la cohabitation de deux entités radicalement opposées dans un même homme. L'on sera moins élogieux concernant Gary Oldman et Tommy Lee Jones qui font le minimum syndical, comme pressés de quitter au plus vite le plateau pour payer leurs impôts.

Costner est méconnaissable au début du film, dans la peau de Jéricho, chevelu et barbu, condamné à mort, incarcéré dans un quartier de sécurité pour sa dangerosité et son caractère imprévisible, violent. La star a d'ailleurs peu interprété de personnages négatifs, sans doute pour son visage lisse, inspirateur d'une confiance immédiate. S'il est plus reconnaissable une fois son physique hirsute rafraîchi, il n'en reste pas moins dans un registre inhabituel, passant de l'inquiétant Jéricho Stewart au gentil agent Bill Pope qui cohabitent en lui. 

Gal Gadot dans "Criminal : un espiion dans la tête" de Ariel Vromen
 (Copyright Metropolitan FilmExport)

Gâchis

Le moteur de l'intrigue teinté de S.-F. est plutôt sympathique dans un thriller d'action contemporain. Mais Ariel Vromen n'innove guère dans le genre et s'en tient aux incontournables bagarres, fusillades et poursuites conventionnelles. Le dilemme psychologique est plus intéressant, entre un Jéricho nihiliste brutale, et Bill, agent compétent, bon père de famille. On se doute que le second prendra le dessus, à l'inverse d'un Mr. Hyde sur le Dr. Jekyll. Avec à la clé Jill, la veuve de l'agent (Gal Gadot, Wonder Woman en 2017), qui reconnaît par bribes son mari disparu dans le repris de justice.

Leur idylle naissante, désirée par l'enfant de Jill, est attendu et sans doute le point faible du film. Par conséquent, le conflit Jéricho/Bill devient trop manichéen, avec l'aspiration soulignée d'une rédemption. Mais c'est dans la toute dernière partie que "Criminal" sombre dans les tréfonds d'un happy-end à tiroirs du pire effet. "Criminal" en perd une grande partie de son intérêt en sombrant par excès dans une sucrerie contraire aux plus sombres intentions du film. C'est la dure loi d'Hollywood.

"Criminal : un espion dans la tête" : l'affiche américaine
 (DR)





La fiche film : Thriller de Ariel Vromen (Etats-Unis) - Avec :  Kevin Costner, Ryan Reynolds, Gal Gadot, Gary Oldman, Tommy Lee Jones, Michael Pitt - Durée : 1h54 - Sortie : 4 mai 2016
Synopsis : Dans une ultime tentative pour contrecarrer un complot et une terrifiante catastrophe, les autorités décident d’implanter la mémoire et le savoir-faire d’un agent de la CIA décédé dans le corps d’un condamné à mort aussi imprévisible que dangereux. Il est l’unique chance – à haut risque – d’achever la mission… D’autant qu’en récupérant l’esprit de l’ancien agent, le condamné a aussi hérité de ses secrets. 

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