Dans "La Belle Epoque" de Nicolas Bedos, Daniel Auteuil voyage dans le temps par amour
La Belle Epoque, deuxième film de Nicolas Bedos, projeté hors compétition à Cannes est une comédie douce amère sur la persistance et la confusion des sentiments dans un style qui rappelle Woody Allen.
Avec La Belle Epoque, son deuxième film, Nicolas Bedos va rendre jaloux Woody Allen. Dans une histoire très adroite de faux voyage dans le temps, il mixe au petit poil tous les ingrédients du maître de la comédie amoureuse. Amour, désamour, humour, nostalgie, trompe-l’oeil et psychanalyse. Tout y est.
Victor, la soixantaine (Daniel Auteuil), se voit proposer de vivre la période du passé de son choix. Une entreprise s’est en effet spécialisée dans la reconstitution personnalisée de toutes les périodes. Quand d’autres choisissent de vivre les fastes de Versailles ou demandent à approcher Adolf Hitler, Victor préfère s’en tenir à une date bien précise de l’année 1974. Le 16 mai, jour de sa rencontre avec celle qui deviendra sa femme (Fanny Ardant). Alors que le couple se désunit, il reste très amoureux d’elle qui en a assez de ce mari aigri, râleur et procrastinateur. Mais c'était sans compter sur l'alter ego de son épouse (Dora Tillier) dans ses années 1970 factices qui va chambouler ses sentiments...
Adroite nostalgie
Nicolas Bedos joue très adroitement de la nostalgie en plaçant le vieux mari amoureux dans la reconstitution exacte de "La Belle Epoque", le café lyonnais où a eu lieu la rencontre, ainsi que du quartier qui l’entoure. Affiche électorale de Giscard, Mobylette bleue, Solex, France-Soir, Dauphine, Simca 1000 et DS immatriculées à l’ancienne mode en 69, tout est là. Y compris l'émouvant présentoir à oeufs durs (six ! ) alors présent sur tous les comptoirs. Le décor est évidemment en carton-pâte mais comme le client sait tout de la supercherie et ne demande qu’à s’y prêter, le stratagème fonctionne.
Le cinéma en filigrane
C’est aussi un point commun avec de nombreuses comédies du maître de l’humour juif new-yorkais, Nicolas Bedos parle en filigrane du cinéma même si le récit que met en scène le réalisateur (Guillaume Canet) n’est jamais fixé sur la pellicule et même s’il est destiné à un seul spectateur, également acteur de cette reconstitution personnalisée : le client.
Tout comme Woody Allen l’a fait dans nombre de ses films, Bedos place sa propre compagne (Dora Tillier) dans le rôle de la jolie femme dont va tomber amoureux le client alors qu’elle interprète le rôle de l’épouse jeune. Le jeu des poupées russes se complique puisque la jeune femme vit une relation passionnelle avec le metteur en scène, le double transparent de Nicolas Bedos. Ce dernier joue d’ailleurs avec la réputation de prétention qu’il traîne depuis sa fréquentation des plateaux de télévision. A un collaborateur qui demande au metteur en scène "Tu te prends pour Dieu ?", il fait répondre par Guillaume Canet "Je suis le scénariste !"
Une vraie belle réussite
Comme chez Woody Allen toujours, les sentiments vont conduire les personnages dans des situations confuses qui finiront par s’éclaircir car c’est le propre d’une comédie que de bien se terminer. Nicolas Bedos maîtrise parfaitement une mécanique dramatique dont les éléments sont délicats à imbriquer, comme de la porcelaine. Il parvient avec finesse à conduire son spectateur vers les mêmes doutes et les mêmes espoirs que le client dépassé par ses sentiments. La Belle Epoque est une vraie belle réussite. A la sortie de la salle, nombreux seront ceux qui se demanderont discrètement : "Et moi, qu’est-ce que je voudrais vivre… ou revivre ?".
La fiche
Genre : Comédie romantique
Réalisateur : Nicolas Bedos
Acteurs : Daniel Auteuil, Dora Tillier, Fanny Ardant, Guillaune Canet, Pierre Arditi, Denis Podalydès
Durée : 1h55
Pays : France
Sortie : 6 novembre
Distributeur : Pathé Distribution
Synopsis : Victor, un sexagénaire désabusé, voit sa vie bouleversée le jour où Antoine, un brillant entrepreneur, lui propose une attraction d’un genre nouveau : mélangeant artifices théâtraux et reconstitution historique. Cette entreprise propose à ses clients de replonger dans l’époque de leur choix. Victor choisit alors de revivre la semaine la plus marquante de sa vie : celle où, 40 ans plus tôt, il rencontra le grand amour...
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