Dans "Le sens de l'humour", Marilyne Canto cherche le sens de l'amour
De Marilyne Canto (France) avec Marilyne Canto, Antoine Chappey, Samson Dajczman - 88 min - Sortie le 26 février 2014.
Synopsis : Après la mort de son compagnon, la vie d’Elise se partage entre Léo, son fils de dix ans, son travail de guide dans un musée et sa relation avec Paul. Une relation houleuse, rythmée par les sentiments d’Elise, tantôt tendre, tantôt odieuse. Face à cette attitude déroutante, Paul tente de trouver sa place, tissant une vraie complicité avec Léo.
« Le sens de l’humour »…Drôle de titre pour un film qui n’est ni drôle ni triste, mais qui est tout cela à la fois, à l’image de la vie. Vu le sujet, on pouvait craindre du pathos, du larmoyant. Le film ne tombe jamais dans ce travers, en partie grâce au parti-pris de la réalisatrice qui campe les personnages en les filmant à travers des petits moments de vie qui se succèdent, parfois de façon trop insistante et c’est un des bémols.
On voit Elise au musée, Elise qui marche dans la rue, Léo qui va à l’école, Léo qui rentre de l’école, Elise et Léo qui font les courses au Monop’…L’intrigue est parfois diluée, noyée dans cette succession de scènes qui semblent parfois inutiles même si on comprend la volonté de Marilyne Canto. A savoir: montrer une femme qui a réglé sa vie sur une routine prenante, celle d’une mère célibataire qui travaille tout en éduquant au mieux un fils en mal de père. Une routine bien utile et qui fait office de carapace pour cette femme qui a souffert.
Mais si le film se perd parfois dans les détails de la vie au quotidien, il est par contre très percutant dans les scènes clés. Marilyne Canto ne se perd pas dans des dialogues à rallonge. On comprend ainsi très vite que l’amant a, au départ, une petite place dans cette vie bien réglée : les échanges avec lui au téléphone sont lapidaires. Quant au sexe, il semble apporter sa dose de plaisir mais il y a là aussi quelque chose de sommaire, de limité dans le temps, sans vrai partage. « J’suis avec toi juste parce que tu me baises bien » dit ainsi Elise après une étreinte, ou encore « J’t’aime pas et j’t’aimerais jamais ». Son amant semble sonné par ces « scuds » verbaux auxquels succèdent de vrais moments de tendresse. Ca ressemble aux montagnes russes côté émotionnel, y compris pour le spectateur qui se dit qu'Elise s'y prend vraiment mal pour apprivoiser l'amour. Comme Paul qui, malgré les mots en forme de couteaux que lui lance parfois sa maîtresse, veut croire à cette relation, on s’attache à cette femme qui ne sait plus comment aimer, qui donne pour aussitôt reprendre, de peur de se laisser déborder par les émotions. Elise, c’est l’illustration parfaite de « Fuir le bonheur de peur s’il ne se sauve ».
C’est donc un beau portrait de femme, pétrie de contradictions et qui ne se montre pas toujours sous son meilleur jour que nous offre Marilyne Canto. Elle incarne très bien cette Elise, son visage sachant se faire tour à tour dur et impénétrable puis, à la faveur d’un sourire, lumineux et tendre. La réalisatrice a aussi su choisir ses comédiens, à commencer par Antoine Chappey, qui est aussi son compagnon dans la vie. Avec beaucoup de sobriété et de simplicité (et de "sens de l'humour"), il incarne cet amant patient, cet homme célibataire qui va aussi se laisser séduire par un enfant de dix ans incarné par Samson Dajczman. Pour son premier rôle, il est excellent, toujours juste. C'est peut-être ce dernier adjectif qui résume le mieux se film, juste dans les émotions qu'il décrit et qui parle à chacun d'entre nous. Car au final c'est bien de la difficulté d'aimer et de former un couple dont il est question. Un sujet ô combien inépuisable.
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