David Cronenberg se crashe avec "Les Linceuls" dans un film bavard

Réalisateur visuel s'il en est, c'est la première fois que David Cronenberg déçoit avec un film bavard sur le délicat sujet du deuil.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Vincent Cassel et Guy Pearce dans "Les Linceuls" de David Cronenberg (2024). (PYRAMIDE DISTRIBUTION)

Effondré par le décès de son épouse en 2017, David Cronenberg s'était alors lancé dans l'écriture du scénario, puis la réalisation des Linceuls, qui sort dans les salles françaises mercredi 25 septembre 2024. Si l'on compatit au deuil du cinéaste, son dernier film n'est pas à la hauteur des espérances. Sa projection au Festival Cannes, en mai dernier, avait d'ailleurs reçu un accueil glacial.

Le réalisateur canadien, tout en restant dans les clous de son sujet de prédilection – le corps –, change de style. Étouffant son film de dialogues abscons, Cronenberg laisse le spectateur sur sa faim.

Les meilleures intentions

Après des films fantastiques à l'horreur gore omniprésente, David Cronenberg s'est assagi depuis Faux-Semblants (1988). S'il a pu ainsi décevoir les fans de la première heure, il a acquis en même temps une grande notoriété auprès de la profession, de la critique et du public. Les Linceuls pousse le processus jusqu'à l'absurde, malgré les meilleures intentions.

À la cinquantaine, Karsh, célèbre homme d'affaires, ne parvient pas à faire le deuil de son épouse. Pour combler cette perte, il invente le GraveTech, un système informatique audiovisuel connecté aux linceuls qui permet aux visiteurs de voir leur être cher dans la tombe. Quand il constate que neuf sépultures, dont celle de sa femme, ont été profanées, il enquête pour dépister les responsables.

Dialogues verbeux

Avec un sujet en continuité totale avec sa filmographie, de plus motivé par un drame personnel, David Cronenberg signe avec Les Linceuls l'un des films les plus attendus de la rentrée. La déception est d'autant plus grande. Après une mise en place qui inspire le respect, le film s'enfonce dans des dialogues verbeux, que ne sauvent pas l'interprétation assurée par un casting de haut vol : Vincent Cassel, Diane Kruger et Guy Pearce.

Statique, dépourvu d'attrait visuel (sauf le cimetière) et de rythme, Les Linceuls s'égraine comme un calvaire. Le film n'a d'ailleurs pas de conclusion, et pourrait encore durer deux heures. Il serait toutefois intéressant de voir ce que donnerait sa transposition au théâtre, auquel se prêterait sans doute mieux le film.

La fiche

Genre : Drame
Réalisateur : David Cronenberg
Acteurs : Vincent Cassel, Diane Kruger, Guy Pearce, Sandrine Holt, Elizabeth Saunders
Pays : Canada/France
Durée : 1h56
Sortie : mercredi 25 septembre 2024

Synopsis : Karsh, 50 ans, est un homme d'affaires renommé. Inconsolable depuis le décès de son épouse, il invente un système révolutionnaire et controversé, GraveTech, qui permet aux vivants de se connecter à leurs chers disparus dans leurs linceuls. Une nuit, plusieurs tombes, dont celle de sa femme, sont vandalisées. Karsh se met en quête des coupables.

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