[DEAUVILLE] "Francine" : la femme animale
Synopsis : Après avoir purgé une peine de prison, Francine s’installe dans une petite ville du nord des États-Unis. Elle essaye de se réinsérer tant bien que mal dans la société en occupant plusieurs emplois précaires. Mais cette sécurité apparente est aussi fragile que les liens qu’elles tentent de nouer avec les habitants de sa commune. Ne parvenant pas à entretenir des relations humaines durables, elle cherche du réconfort auprès des animaux…
Un public choqué
Auteurs d’un premier film documentaire, Brian M. Cassidy et Melanie Shatzky signent avec « Francine » leur première fiction. Cette origine documentariste se reflète dans ce film difficile, austère et naturaliste dont les images semblent volées au réel, plutôt à la réalité de Francine, tout juste sortie de prison et dont la réinsertion difficile va trouver refuge dans un amour obsessionnel pour les animaux.
Le film a beaucoup choqué une partie du public, par la crudité des images, l’absence totale d’explication et sans doute le comportement de cette femme mûre, déphasée, presque autiste. Elle se fait pourtant apprécier de son nouvel entourage, après avoir trouvé une petite maison dans une campagne bucolique, à l’opposé du monde carcéral qu’elle vient de quitter. Elle accepte les invitations qu’on lui lance et ses recherches de petits boulots aboutissent. Il y a donc bien un désir de sociabilité chez elle. Mais quelque chose ne tourne pas rond chez Francine.
Névrose
Là où elle se réalise pleinement, c’est au contacte des animaux. Tant, que sa maison devient une véritable bauge où des dizaines de chiens et chats vaquent au milieu d’une fange de plus envahissante, alors que ses petits emplois se rattachent toujours au monde animal. Sa sexualité est étrange. Elle se fait prendre par un inconnu en marge de son travail, puis passe dans les bras de sa voisine, et enfin refuse catégoriquement un homme charmant qui l’a aidé dans ses recherches et semble avoir tout pour lui plaire.
Francine prend de plus en plus la tangente, s’enferme de plus en plus dans son univers animal, jusqu’à développer une sensualité certaine, sans pour autant atteindre la zoophilie, mais un dérèglement pathologique patent. Jusqu’à ce survienne l’incident… L’actrice Melissa Leo, de tous les plans, créé une composition en tout point remarquable et perturbante, alors que Brian M. Cassidy et Melanie Shatzky peaufinent une mise en scène participative du sujet, tant dans le traitement de l’image que du son, évocatrice, dans un premier temps, du retour à la liberté et à la nature, pour progressivement se scléroser en névrose. Beau, mais exigent.
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