[DEAUVILLE] "Sin City 2" : Eva Green, femme fatale à tomber
4 / 5 ★★★★☆
De Robert Rodriguez et Franck Miller (Etats-Unis). Avec Jessica Alba, Josh Brolin, Rosario Dawson, Joseph Gordon-Levitt, Eva Green, Jaime King, Michey Rourke, Juno Temple - 1h42 - Sortie : 17 septembre 2014
Synopsis : Dans une ville où la justice est impuissante, les plus désespérés réclament vengeance, et les criminels les plus impitoyables sont poursuivis par des milices. Marv se demande comment il a fait pour échouer au milieu d'un tas de cadavres. Johnny, jeune joueur sûr de lui, débarque à Sin City et ose affronter la plus redoutable crapule de la ville, le sénateur Roark. Dwight McCarthy vit son ultime face-à-face avec Ava Lord, la femme de ses rêves, mais aussi de ses cauchemars. De son côté, Nancy Callahan est dévastée par le suicide de John Hartigan qui, par son geste, a cherché à la protéger. Enragée et brisée par le chagrin, elle n'aspire plus qu'à assouvir sa soif de vengeance. Elle pourra compter sur Marv… Tous vont se retrouver au célèbre Kadie's Club Pecos de Sin City…
Graphique
C’était impressionnant de voir sur la scène du Centre International Deauville, Frank Miller, sur son fauteuil roulant, coiffé de son Stetson, défendre à brûle-pourpoint son film coréalisé avec Robert Rodriguez, projeté en clôture du festival de Deauville. Auteur de romans graphiques, l’Américain est parvenu à trouver un équivalent cinématographique à son art, lui-même étant passé à la réalisation en solo, avec le trop mésestimé "The Spirit", adapté de son mentor Will Eisner. Les puristes reprocheront au film son appel à la technologie pour rendre son incroyable sophistication visuelle. Mais ne pourrions-nous pas dire la même chose d’un Méliès en son temps. ? Le magicien aurait sans doute adoré cela.
Deuxième chapitre de "Sin City", ce qui choque dans la continuité du film précédent, c’est le départage entre deux histoires qui, apparemment, n’ont rien à voir entre elles. Sinon la corruption de cette ville "imaginaire" de Sin City, et le sénateur hyper corrompu Roak à sa tête. Un troisième tome ferait sans doute le lien, mais l’on ne peut extrapoler sur ce point. Voyons l’état des choses dans l’actualité de ce deuxième opus. D’abord, le visuel, sublime, si l’on se laisse porter par le noir et blanc tranché, ultra-contrasté de l’image, rehaussée de touches de couleurs, point, par point, pixel par pixel. Une esthétique très sophistiquée, que Frank Miller revendique et a réalisée grâce à l’avancée technologique, pour parvenir au plus proche de ses compositions graphiques originelles, selon lui.
La Vamp des Vamps
"Sin City 2 : J’ai tué pour elle" est une merveille visuelle, d’un expressionnisme tout en référence au film noir classique, revitalisé par la palette graphique. Bande-dessinée, jeux vidéos, numérique ? Et alors ? La première a toujours entretenu des rapports avec le cinéma, la deuxième de plus en plus sur les structures narratives, et le troisième dans les effets spéciaux, même invisibles à l’écran. "Sin City" les revendique tous. Modernité ? Le futur nous le dira, mais le premier opus d’il y a 8 ans va dans ce sens. Des noirs saturés, des blancs immaculés, une violence ultra choc, et un érotisme sado-maso, avec des bombes renversantes et des gueules d’acteurs modifiées à l’écran incroyables. Plein les yeux.
La structure narrative de ce second opus est par contre très curieuse et un rien bancale. Elle nous emporte dans un premier épisode introductif, puis sur une intrigue principale qui va tenir la majeure partie du film avec une formidable femme fatale, incarnée par Eva Green, absolument renversante, qui donne beaucoup d’elle-même, toujours sur la gamme physique, en s’y adonnant à fond. La véritable réincarnation de la "Vamp" des origines : Theda Bara, ou plus tard Musidora. Fantastique. "La belle Dame Sans Merci" incarnée. Pourvu qu’elle ne se cantonne pas dans ces rôles, tant son potentiel est grand.
Beau film aux confins du classicisme noir et de l’expérimental, pourvu que "Sin City 2", comme l’a dit Frank Miller lors de sa présentation, fasse des milliers d’entrées, pour mettre en chantier la troisième partie, qui ne pourra que lier les trois films entre eux. Pour le moment, réjouissons-nous de ce que nous avons, en attendant la suite : plein les mirettes !
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