"Désordres" : les inconnus dans la maison
De Etienne Faure (france), avec : Isaach de Bankolé, Sonia Rolland, Niels Schneider - 1h40 - Sortie : 17 avril
Synopsis : Vincent, professeur d’histoire-géo vient d’emménager avec sa femme Marie et leur fils dans une vieille demeure du sud-ouest de la France. Nommé dans le lycée d’une petite ville, il aspire à une vie plus proche de la nature. Marie, pianiste de renommée internationale, a décidé de le suivre à contrecœur dans cette nouvelle vie. Très vite, Thibault, élève de Vincent commence à s’immiscer dans la vie du couple…
« Désordres » fait irrémédiablement penser à « Dans la maison » de François Ozon, tout frais encore dans nos mémoires. Comme dans le film d’Etienne Faure, l’élève d’un prof s’insurge dans sa vie par une manipulation machiavélique. Pourtant les deux films n’ont rien à voir. Ozon traitait en profondeur de la confusion intime entre la réalité et la fiction sur un mode littéraire, alors que Faure réalise un film de genre dans une tradition hitchcockienne.
Pour ce faire, il se fonde sur un script assez malin qui repose sur des fondamentaux : le déménagement d’un couple dans une nouvelle maison (classique) et l’incursion d’un étranger aux abords sympathique dans l’espace intime (classique aussi). C’est un peu le point faible du scénario : comment un prof, adulte et en situation délicate, parvient-il à se faire aussi facilement berner par un élève, de plus visiblement en échec scolaire. Comment pourrait-il se démarquer de ses notations : la question n’est jamais posée.
Ingénuité ludique
Etienne Faure laisse de côté les détails, préférant privilégier la machination en cours. Il peaufine ainsi plus ses manipulateurs, deux adolescents en quête d’une sourde vengeance, qui passent alternativement du charme innocent à une dérangeante inquiétude, parfaitement incarnés par Niels Schneider et Lucien Guignard. Si l’on se laisse prendre c’est beaucoup par eux. Et beaucoup par jeu.
Le charme de la vie de province, après celui de la vie parisienne, vécu avec plus ou moins de difficultés, participe du film. Mais aussi la faillite de l’épouse du prof face à ce changement (convaincante Sonia Roland), même si elle faillit un peu facilement et avec ingénuité, pour un ado,, comme son mari d’ailleurs. Malgré ces failles, « Désordres » fonctionne assez bien, prenant le spectateur dans ses méandres, comme ses protagonistes. Tout cela tournera vinaigre jusqu’à une conclusion fatale, comme rarement ces derniers temps : désordre.
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