"Dumb Money" : la bataille des fans de GameStop contre Wall Street
En revenant sur l'alliance de milliers de boursicoteurs pour sauver leur enseigne de jeux vidéo préférée attaquée par des investisseurs, Dumb Money, en salles mercredi 29 novembre, livre une fable sur comment Wall Street peut vaciller, mais finit toujours par gagner. Inspiré de faits réels, le film est porté par l'acteur Paul Dano (Little Miss Sunshine et plus récemment The Fabelmans de Spielberg), dans le rôle de Keith Gill, alias "Roaring Kitty", un ancien analyste financier désormais fauché, au cœur de l'affaire.
Dumb Money, référence à "l'argent stupide", expression avec laquelle les géants de Wall Street désignent les petits investisseurs, revient sur le tourbillon boursier autour de GameStop début 2021, qui a même fait l'objet d'une enquête du Congrès américain.
Entre 2015 et 2020, la valeur boursière de la chaîne de magasins de jeu vidéos, propriétaire en France de Micromania, avait été divisée par dix. Pas assez pour de nombreux gros fonds d'investissements qui pariaient encore sur la baisse du cours. Mais bien trop selon "Roaring Kitty". Depuis sa cave, il défend en vidéo et sur les forums Reddit pourquoi il est acheteur sur l'action et accuse les fonds d'investissement de vouloir la mort de l'entreprise.
"Cette affaire a changé profondément Wall Street"
Le film montre comment cet appel va se diffuser largement, mobilisant en pleine période de pandémie de l'étudiante endettée à l'infirmière précaire pour faire subir des milliards de dollars de pertes au fonds Citadel et à son fondateur installé, lui, dans une luxueuse maison en Floride. Mais aussi comment le système Wall Street se défend pour tenter de mettre à terre cette rébellion en ligne par nature très instable et désorganisée, et dont la richesse peut disparaître aussi soudainement qu'elle est arrivée.
"Je pense que cette affaire a changé profondément Wall Street et le comportement des fonds d'investissement", a assuré à l'AFP le réalisateur australien Craig Gillespie, qui a vécu de l'intérieur cette histoire, un de ses fils ayant fait partie de la cohorte des boursicoteurs.
"J'ai ressenti la frustration, le sentiment que le système était contre eux et je voulais creuser un peu ça. Ce n'est pas nécessairement illégal" mais pose "des questions éthiques", selon le réalisateur qui sortira prochainement un nouveau Cruella chez Disney, et avait été remarqué en 2017 avec Moi, Tonya avec Margot Robbie, dans le milieu du patinage artistique. "C'est le système qui est en faute", ajoute-t-il.
Pour la réalisation, il a limité au maximum les séquences d'explications financières. Seul le cours de l'action est donné – il passera de moins d'un dollar à l'été 2020 à plus de 120 dollars en séance le 28 janvier 2021 –, l'ahurissement face à cette envolée étant la seule chose qui unit tous les protagonistes. Depuis, le cours de l'action est retombé vers les 12 dollars.
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