"Dune" : Denis Villeneuve rend enfin ses lettres de noblesse au roman culte de Frank Herbert
Après "Premier contact" et "Blade Runner 2049", le réalisateur québécois crée l’événement en réussissant l’adaptation du roman de science-fiction la plus attendue.
Dune est un phénomène littéraire dans la lignée du Seigneur des anneaux, de Shining ou Harry Potter. Une tentative avortée d’Alejandro Jodorowsky en 1975, le fiasco de David Lynch en 1984, et deux mini-séries TV n’en sont pas arrivés à bout. Après Premier contact et Blade Runner 2049, Denis Villeneuve, qui rêvait d’adapter le roman, sort la première partie du diptyque qu'il lui consacre mercredi 15 septembre. Un grand film.
Ecologie, climat et géopolitique
Dans un empire galactique lointain, une drogue - "l’épice" - permet de courber le temps pour faciliter les voyages interstellaires. Elle n’existe que sur la planète Arrakis, et est source d’immenses profits. La famille Atreides vient d’en être nommée gestionnaire aux dépens des Harkonnen qui lui déclarent la guerre. Paul, dernier fils des Atreides, se révèle doté de pouvoirs qui pourraient vaincre les puissances hostiles sur une planète qui ne l’est pas moins.
S’il repose sur un schéma manichéen très américain, Dune révèle sa complexité dans l’univers qu’il décrit. Tant d’un point de vue écologique que climatique et géopolitique, certains diront philosophique. Publié en 1965, le roman de Frank Herbert résonne avec d’autant plus de puissance aujourd’hui que ces thématiques n’ont jamais été autant d’actualité. Coïncidence, Denis Villeneuve en donne aujourd’hui la version cinéma la plus aboutie et la plus fidèle au roman jamais réalisée.
Sobriété hyperréaliste
Avec l’épice, Dune est source d’énergie (comme le pétrole de nos jours), ses températures exceptionnelles renvoient au réchauffement climatique actuel, et ses habitants - les Fremens – ne vivent que grâce à une gestion vitale de l’eau, préoccupation actuelle majeure. Enfin la guerre, qualifiée de "Jihad" dans le roman et le film, sur une planète des sables, rappelle l’Afghanistan contemporain. Si l’anticipation d’Herbert est étrangement prémonitoire de notre époque, la mise en scène de Denis Villeneuve atteint enfin les ambitions du roman. Le Québécois est fidèle à l’esthétique hyperréaliste de ses deux films de science-fiction précédents, Premier Contact et Blade Runner 2049. Le réalisateur tire toute la substance de la sobriété du design, du cadre et de la lumière, tout en leur donnant une ampleur inédite. Le spectacle est splendide.
Les scènes clés du roman sont valorisées par ce style subtil et spectaculaire. Les acteurs sont à leur place avec une mention spéciale à Charlotte Rampling, en impressionnante Révérende-Mère Ben Gesserit. Un déséquilibre pointe toutefois dans une première partie qui prêterait à plus de développements, alors que la deuxième s’étire dans certaines scènes. Encore faudra-t-il juger sur la longueur et sur pièce, quand la suite sortira en 2023-24. Vous n’auriez pas un peu d’"épice" pour courber le temps d’ici-là ?
LA FICHE
Genre : Science-Fiction
Réalisateur : Denis Villeneuve
Pays : Etats-Unis
Acteurs : Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac, Stellan Skarsgard, Charlotte Rampling, Josh Brolin, Xavier Bardem
Durée : 2h36
Sortie : 15 septembre 2021
Synopsis : L'histoire de Paul Atreides, jeune homme aussi doué que brillant, voué à connaître un destin hors du commun qui le dépasse totalement. Car s'il veut préserver l'avenir de sa famille et de son peuple, il devra se rendre sur la planète la plus dangereuse de l'univers – la seule à même de fournir la ressource la plus précieuse au monde, capable de décupler la puissance de l'humanité. Tandis que des forces maléfiques se disputent le contrôle de cette planète, seuls ceux qui parviennent à dominer leur peur pourront survivre…
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