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"England Is Mine" : biopic mélancolique sur Morrissey avant les Smith

Premier film de Mark Gill, récompensé pour ses courts métrages, "England Is Mine" retrace l’entrée dans la vie d’adulte de Steven Patrick Morrissey avant de devenir "Morrissey", chanteur et leader des Smith, qui poursuivra une carrière solo, iconique du rock alternatif. Le portrait d’une période difficile pour l’artiste en devenir : comme l’évocation d’une autodestruction pour enfin naître.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Jack Lowden dans "England Is Mine" de Mark Gill
 (Bodega Films)

Thatchérisme

L’affiche met en avant que le film est commandé par les producteurs de "Control" (Anton Corbjin, 2007), biopic sur Ian Curtis, leader de Joy Division, tête de liste du rock alternatif, post punk, pré-indus, suicidé en 1980. Une continuité existe entre les deux films. Deux personnalités tourmentées, créatrices, aux parcours sentimentaux perturbés, avec une haute exigence littéraire, et de l’interprétation scénique, qui en font des poètes à part entière.
De plus, la mise en images est proche. Si "Control" est en noir et blanc, "England is Mine" est dans des couleurs atones, reflet de la morne Angleterre – l’action se déroule à Manchester - à la fin des seventies, années "glam".  Elles introduisent le thatchérisme en Grande-Bretagne et la souveraineté libérale économique dans le monde, cautionnée par Reagan aux Etats-Unis, le grand frère protecteur. Le social tient une large part du film, visible dans la recherche d’emploi du futur Morrissey. Ses déboires à trouver un job, celui déniché au service des Impôts, comme archiviste. Pour un poète : peut mieux faire. Mais aussi dans ses origines modestes au contact de ses parents et de deux sœurs protectrices.

Le petit chose

Si le personnage peut sembler insupportable par son mutisme, et son égotisme introverti, voire snob - son modèle est Oscar Wilde -, il touche par sa sensibilité à fleur de peau, en total porte-à-faux avec le monde qui s’offre à lui. Le film traduit ce fossé parfaitement, lisible notamment dans ses rapports avec ses collègues de travail et cette jolie Christine qui lui court après et dont il se désintéresse complètement au profit de Linder, artiste underground en pleine ascension. Et puis, il y a cette mère attentive, qui le comprend, va dans son sens. Steven Patrick Morrissey est comme un "petit chose".
"England Is Mine" de Mark Gill (II)
 (Bodega Films)
A partir d’un très beau sujet, celui de raconter les prémices du devenir d’une star du rock, en s’arrêtant juste à son avènement, "England is Mine" réussit son pari à tous les étages. Il est en effet dans la lignée de "Control", mais on pense aussi à "Velvet Goldmine" (sur Bowie/Iggy Pop) ou "24 Hour Party People" (sur la scène de Manchester 1977-97). Classique dans la forme, sobre dans sa mise en images, cela ne l’empêche pas d’être fort dans cette ascèse qui correspond si bien au poème, donc à Morrissey. Bien vu.
"England Is Mine" : l'affiche française
 (Bodega Films)

LA FICHE

Genre : Biopic / Drame
Réalisateur : Mark Gill (II) 
Pays : Grande-Bretagne
Acteurs : Jack Lowden​, Jessica Brown Findlay, Jodie Comer, Peter MacDonald (II), Simone Kirby
Durée : ​1h34
Sortie : 7 février 2018

Synopsis : Portrait de Steven Patrick Morrissey et le début de sa vie à Manchester dans les années 70 avant qu’il ne devienne le chanteur emblématique du groupe The Smiths.

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