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Entre béton et bitume, l'"Asphalte" drôlement poétique de Benchetrit

On est sous le charme du nouveau film de Samuel Benchetrit et de ses six personnages magnifiques. A partir d'un immeuble délabré, il déroule des histoires joliment poétiques, et très drôles.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Tassadit Mandi et Michael Pitt dans "Asphalte"
 (Paradis Films)

Une barre de HLM en sinistre état, au milieu de nulle part. Nous débarquons sans préliminaires dans une réunion de copropriétaires. Objet du débat : l'ascenseur est en panne, il est même mort et il va falloir investir pour en changer. On vote : tout le monde est pour sauf… Sternkowitz (Gustave Kervern). Et pourquoi donc ? Il habite au premier et ne l'utilise jamais, alors pourquoi payer ? Allez, sois solidaire, Sternkowitz… Non, non, y'a pas de raison. Au final, Sternkowitz ne paiera rien mais à une condition : ne jamais utiliser le nouvel ascenseur. C'est d'accord, bien sûr… Mais quelques semaines plus tard, il se retrouve en chaise roulante…


Et c'est parti pour un croisement d'histoires improbables, qui pourraient virer au pathétique, mais dont Benchetrit réussit à sortir le meilleur. Un astronaute américain atterrit sur le toit de l'immeuble ? Et pourquoi pas, on a envie d'y croire. Comme à son magnifique duo avec Madame Hamida, qui accepte de l'héberger et de lui prêter le maillot de l'OM de son fils.

L'image est carrée (au sens littéral du terme), fixe le plus souvent, ou nous engage dans des travellings très sobres. La caméra prend son temps, nous soigne des plans-séquences aux petits oignons, qui rappellent l'univers de Jean-Pierre Jeunet, en plus "brut". Pas de bavardage inutile, les dialogues sont ramassés, très justes.
  (Paradis Films)

Avec un petit budget, Samuel Benchetrit a fait des miracles. "Asphalte" est une explosion poétique, drôle et émouvante, dans laquelle tous les comédiens sans exception sont impeccables. Isabelle Huppert, magnifique actrice désoeuvrée, tenue à bouts de bras par un jeune ado malin et vaguement amoureux (Jules Benchetrit). Valeria Bruni-Tedeschi, infirmière timide et rêveuse, prête à croire à tous les mensonges du pauvre Sternkowitz (Gustave Kerven, fameux !). Et que dire de la merveilleuse Tassadit Mandi, délicieuse maman kabyle, en manque de son fils, charmée par cet américain tombé du ciel (Michael Pitt).

Le public n'avait pas suivi Samuel Benchetrit dans ses précédents projets ("Gino" et "Un voyage"). Son nouveau film, partiellement adapté de ses nouvelles des "Chroniques de l'Asphalte", est une très jolie réussite, gorgée de sensibilité, d'où émane de bonnes ondes. Le réalisateur porte un regard plein de bienveillance sur ces gens humbles, qui, dans leur HLM branlant, vivent tous des moments de grâce… On en redemande.
  (Paradis Films)

Comédie dramatique française de Samuel Benchetrit – Avec Isabelle Huppert, Gustave Kervern, Valerie Bruni Tedeschi, Tassadit Mandi, Jules Benchetrit et Michael Pitt. Durée : 1h40 – Sortie : 7 octobre 2015

Synopsis : Un immeuble dans une cité. Un ascenseur en panne. Trois rencontres. Six personnages. Sternkowtiz quittera-t-il son fauteuil pour trouver l’amour d’une infirmière de nuit ? Charly, l’ado délaissé, réussira-t-il à faire décrocher un rôle à Jeanne Meyer, actrice des années 80 ? Et qu’arrivera-t-il à John McKenzie, astronaute tombé du ciel et recueilli par Madame Hamida ?

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