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"Escobar" : Javier Bardem et Penélope Cruz à plein régime... de coke

Le cinéaste espagnol Fernando León de Aranoa ("A Perfect Day", "Amador", "Princesas") réalise son film le plus ambitieux avec "Escobar". Biopic sur le plus extrême et dangereux chef mafieux colombien, il est interprété par le couple à la ville Javier Bardem, dans le rôle-titre, et Penélope Cruz dans celui de sa maîtresse, la journaliste Virgina Valejo. Un destin démesuré et un thriller d’enfer.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Javier Bardem et Penélope Cruz dans "Escobar" de Fernando León de Aranoa
 (Filmax)

Violent et glamour

Comme nombre de gangsters, dont les plus célèbres, Al Capone, Lucky Luciano, Bonny and Clyde ou Dillinger, Pablo Escobar a un parcours de vie exceptionnel, fascinant et s’avère un boulevard pour le cinéma. Adapté du livre de sa maîtresse Virgina Valejo "Pablo je t’aime, Escobar je te hais" (J’ai lu), "Escobar" retrace la vie du chef du cartel de Medellin, depuis la création du plus grand trafic de cocaïne jamais organisé, jusqu’à sa mort, en passant par son parcours politique et la prison dorée qu’il avait lui-même financée.
Une histoire incroyable, dont le film de Fernando León de Aranoa rend compte avec l’efficacité d’un thriller tiré au cordeau, rythmé, violent et glamour. Javier Bardem est parfait dans le rôle d’Escobar, à l’obésité spectaculaire (trucage ou performance physique à la De Niro ?), avec une tête de fou, la performance physique rejoignant le psychologique pour transmettre toutes les facettes complexes du personnage. Si Penélope Cruz a un rôle plus soumis, elle correspond à l’image sophistiquée de son personnage de vedette de télévision, et traduit la panique grandissante de son personnage qui découvre progressivement le guêpier dans lequel elle s’est fourrée.

Thriller européen

C’est dire si "Escobar" bénéficie d’une progression narrative efficace toute hollywoodienne, mais où l’on sent une influence européenne. Dans la psychologie donnée aux personnages, sans pour autant négliger l’action. Ce qui fait le charme du cinéma espagnol actuel dans son approche du film de genre. La production est, étonnamment, hispano-bulgare, avec toute l’ampleur d’un grand film américain. La construction n’hésite pas à jouer du retour en arrière (flash-back) et du retour en avant (flash-foward), ce qui n’est pas si courant et apporte du sel à l’intrigue. La musique originale de Federico Jusid est de plus très juste dans ses cordes sombres, en contraste avec des standards aux couleurs latines des -années 70-90.
Penélope Cruz dans "Escobar" de Fernando León de Aranoa
 (SND)
Comme dans les meilleurs films de gangsters, la famille tient une grande place ("Le Parrain", "Les Affranchis", "Casino"). Son traitement dans "Escobar" donne parmi les meilleurs moments du film (excellente Julieth Restrepo dans le rôle de l’épouse d’Escobar). Le film n’ignore pas non plus l’engagement politique du mafieux, aimé des plus pauvres en Colombie, jusqu’à devenir sénateur, puis destitué et emprisonné, tout en restant populaire. Puis vient la guerre ouverte entre les autorités et ses supporters, avec ses "Sicarios" (tueurs adolescents à moto) et les massacres de réprimande qui s’en suivirent (supportés par les Etats-Unis). Le réalisateur et scénariste Fernando León de Aranoa semble n’être passé à côté de rien de ce destin, avec un beau talent de metteur en scène. Un thriller doublé d'un biopic qui restera.
"Escobar" : une des affiches françaises
 (SND)

LA FICHE

Genre : Thriller / Biopic
Réalisateur : Fernando León de Aranoa
Pays : Espagne
Acteurs : Javier Bardem, Penélope Cruz, Peter Sarsgaard, Julieth Restrepo, Oscar Jaenada
Interdit aux moins de 12 ans
Durée : 2h03
Sortie : 18 avril 2018

Synopsis : Impitoyable et cruel chef du cartel de Medellin, Pablo Escobar est le criminel le plus riche de l’Histoire avec une fortune de plus de 30 milliards de dollars. "L’empereur de la cocaïne" met la Colombie à feu et à sang dans les années 80 en introduisant un niveau de violence sans précédent dans le commerce de la drogue.
Fascinée par son charisme et son pouvoir, la très célèbre journaliste Virginia Vallejo, va s’apercevoir qu’on ne s’approche pas de l’homme le plus dangereux du monde impunément...

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