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"Et puis nous danserons" : homosexualité et danse traditionnelle dans une Géorgie intolérante

Dans "Et puis nous danserons" du réalisateur suédois d'origine géorgienne Levan Atkin, un jeune danseur découvre son homosexualité dans le monde très macho et homophobe de la danse traditionnelle géorgienne.

Article rédigé par Jean-François Lixon
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Levan Gelbakhiani et Bashi Valishvili dans "Et puis nous danserons" (Lisabi Fridell)

Le projet de Et puis nous danserons, explique le réalisateur suédois d'origine géorgienne Leva Akin, est né il y a quelques années après la lecture d'un article relatant un fait-divers. Quelques jeunes homosexuels avaient été battus à Tbilissi, la capitale de la Géorgie, pour avoir voulu organiser la première gay pride. En Géorgie, il est très difficile d'être homosexuel. Leva Akin voulait raconter une histoire autour des deux thèmes que sont la masculinité et l'homosexualité.

En Géorgie, la danse traditionnelle occupe une grande place dans la société. Aujourd'hui encore, on danse à l'occasion de tous les événements, qu'ils soient familiaux ou sociaux. Ces chorégraphies très formelles ressemblent aux parades nuptiales de certains oiseaux. Elles se dansent souvent en duo, un homme et une femme. La représentation masculine y est très codifiée et spectaculaire.

C'est dans ce milieu très typique de son pays d'origine que Leva Akin a choisi de situer l'action de son film. "Pour moi c'était plus fort que de la placer, par exemple dans un garage..." expliquait-t-il au public cannois de la Quinzaine des Réalisateurs, en présence de ses deux principaux interprètes, Levan Gelbakhiani et Bashi Valishvili. Le réalisateur poursuivait en précisant que si l'homosexualité est très répandue dans les milieux de la danse en occident, elle y est très mal vue et réprimée en Géorgie.

Ne pas juger

Tout en nuances, Et puis nous danserons a le mérite de ne pas juger. Le principal personnage, Merab, a voué sa vie à la danse, travaillant en duo avec Mary (Ana Javakhishvili),  la même partenaire depuis l'enfance. Une relation s'est nouée entre eux mais aucun des deux n'a encore franchi le pas des relations sexuelles. C'est à ce tournant de sa vie que Merab va voir Irakli débouler dans son cours de l'Ensemble National Géorgien. Excellent danseur, troublant et charismatique, il va charmer Merab.

De g à d, le réalisateur Levan Akin, les interpètes Levan Gelbakhiani etBachi Valishvili (JEAN-FRANCOIS LIXON)

Ni documentaire ni pamphlet

Ni documentaire, ni pamphlet, le film évite les poncifs tout en narrant une histoire souvent vue au cinéma. Est-ce alors son exotisme sans pacotille, la découverte inattendue et spectaculaire du milieu de la danse traditionnelle géorgienne, la sincérité de tous les comédiens, jusqu'au dernier figurant, qui donnent à Et puis nous danserons ce charme réaliste qui n'ennuie jamais ?

Ponctué par des scènes de répétitions face à un professeur sans concession à la limite de la tyrannie, le film alterne entre moments d'exhibitions du corps mis au service de la tradition chorégraphique, et instants d'intimité autour des relations familiales ou amoureuses. Jamais provocateur, Et puis nous danserons ne simplifie jamais non plus les enjeux. Utile.

Affiche de "Et puis nous danserons (Levan Akin)

La fiche

Genre : Drame
Réalisateur : Levan Atkin
Acteurs : Levan Gelbakhiani, Bashi Valishvili, Ana Javakhishvili
Durée : 1h50 

Pays : Suède / Géorgie / France 
Sortie : 6 novembre
Distributeur : ARP Sélection

Synopsis
 : Merab s’entraîne depuis son plus jeune âge dans le cadre de l’Ensemble National Géorgien avec sa partenaire de danse, Mary. Son monde est brusquement bouleversé lorsque le charismatique Irakli arrive et devient son plus fort rival et son plus grand désir.

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