« Eva » : Robot Blues
Synopsis : 2041. Alex, un ingénieur de renom, est rappelé par la Faculté de Robotique, après dix ans d’absence, pour créer le premier robot libre : un enfant androïde. Il retrouve alors Lana, son amour de jeunesse, et son frère David, qui ont refait leur vie ensemble. Et il va surtout faire la connaissance d’Eva, sa nièce, une petite fille étonnante et charismatique. Entre Eva et Alex se dessine une relation particulière, et ce dernier décide alors, contre l'avis de sa mère, de prendre Eva pour modèle de son futur androïde…
Intelligence artificielle
Le cinéma espagnol entretient un rapport privilégié avec le fantastique, en offrant régulièrement de grandes réussites dans le domaine, alors qu’en France, malgré des efforts répétés, les écueils sont nombreux. « Eva » relève de la science-fiction puisqu’il traite du thème classique des robots. Kike Maillo l’aborde toutefois avec originalité en privilégiant les sentiments, rappelant en cela « A. I. – intelligence artificielle » de Steven Spielberg.
Comme ce dernier, « Eva » met au centre de son sujet le couple, la famille et le lien filial, en posant l’équation du rapport entre l’humain et la machine, l’individu et son simulacre. Ce n’est pas un hasard si Alex Garel, qu’interprète Daniel Brühl, a pour compagnon un chat mécanique, le félin symbolisant la part émotionnelle de la nature humaine. Car l’émotion est au cœur du film. Et en premier lieu celle qu’éprouve Alex quand il croise Eva, une fillette qu’il va prendre comme modèle pour construire le cerveau de l’être artificielle dont il a la charge.
Biomécanique
Peut-on éprouver des sentiments pour une machine qui a toutes les caractéristiques d’une personne humaine ? C’est sans doute la problématique au centre du thème de la robotique dans la science-fiction, vue dans « I Robot » d’Isaac Asimov filmé par Alex Proyas, « Blade Runner » de Philip K. Dick adapté par Ridley Scott, ou le film de Spielberg déduit d’une nouvelle de Brian Aldiss.
« Eva » pose la question en développant en parallèle une histoire d’amour entre Alex et son ex-femme retrouvée, remariée avec son frère. Ce contexte complexifie la problématique du rapport entre l’humain et son simulacre mécanique en la prolongeant dans celui de la filiation : un enfant, un frère, une sœur ne sont-ils pas en partie des doubles de soi ? Et au-delà de la ressemblance, n’est-ce pas la part de différence qui fait que l’on aime ?
L’intérêt de la science-fiction est de mettre en perspective des questions politiques ou philosophique sous un mode ludique. « Eva » n’en départ pas, grâce à un scénario bien agencé, même s’il est parfois prévisible, et une mise en images sobre qui crédibilise le futur proche qu’il décrit tout en faisant usage d’effets spéciaux spectaculaires et esthétiques au service de l’histoire. Ce n’est pas pour rien qu’« Eva » a remporté des brassées de prix dans nombre de festivals, à Venise, à Gérardmer ou aux Goya (les César espagnols) où il a remporté trois récompenses. Beau et sensible.
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