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"Every Thing Will Be Fine" : Wim Wenders filme une rédemption languissante

Sur un scénario original de Bjørn Olaf Johannessen, Wim Wenders réalise un film sur la création littéraire née d’un accident de la vie réelle. Un écrivain traumatisé après avoir mortellement percuté un enfant trouve une échappatoire dans l’écriture, mais est rattrapé par son destin. La création vient-elle de l’imagination, du vécu, des deux ? Wenders pose l’équation, mais manque de verve.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Charlotte Gainsbourg et James Franco Dans "Every Thing Will Be Fine" de Wim Wenders
 (Bac Films)
La note Culturebox
2 / 5                  ★★☆☆☆

De Wim Wenders (Allemagne/Canada/Norvège/France/ Suède), avec : James Franco, Charlotte Gainsbourg, Marie-Josée Croze, Rachel McAdams - 1h55 - Sortie : 22 avril 2015

Synopsis : Après une dispute avec sa compagne, Tomas, un jeune écrivain en mal d’inspiration, conduit sa voiture sans but sur une route enneigée. En raison de l'épaisse couche de neige et du manque de visibilité, Tomas percute mortellement un jeune garçon qui traversait la route. Après plusieurs années, et alors que ses relations volent en éclats et que tout semble perdu, Tomas trouve un chemin inattendu vers la rédemption : sa tragédie se transforme en succès littéraire. Mais au moment où il pensait avoir passé ce terrible événement, Tomas apprend à ses dépens que certaines personnes n'en ont pas fini avec lui...


Sans relief

Il n’est pas étonnant que Wim Wenders soit revenu sans récompense de la dernière Berlinale, où il était en compétition, avec "Every Will Be Fine" (litt : "tout ira bien"). Il a pourtant un beau sujet sur un auteur en mal de création inspiré par une expérience traumatique, un casting de première classe, avec James Franco, Charlotte Gainsbourg et Marie Josée Croze, et réalise en 3D un film intimiste, format peu usité dans ce domaine : prometteur et original, sinon expérimental.

Autant passer ce dernier point d’emblée. Aucun effet de relief ne ressort du film. Les lunettes 3D ne servent qu’à voir le film en 2D. Autant le réalisateur allemand a été loué pour son usage dans son documentaire sur Pina Bausch, autant il est ici totalement inutile, voire invisible. On imagine mal pourtant Wenders tourner son film en 2D ensuite gonflé en 3D, mais c’est pourtant l’impression qu’il en ressort. Ceci étant, ce n’est pas le principal grief contre le film. Il repose sur une narration extrêmement étirée, ennuyeuse et lente. Dont la longueur, la langueur, sur deux heures de film ne creuse pas les enjeux, alors qu’ils sont multiples.

James Franco dans "Every Thing Will Be Fine" de Wim Wenders
 (Bac Films)


Enlisement


Plus il avance, plus le film s’enlise, en retraçant la quinzaine d’années d’une vie hantée par un trauma que va remettre en lumière une victime collatérale de l’accident originel. Mais de quelle manière ? Ce Deus ex-machina, tardif, est quelque peu artificiel et sa nature triviale. D’autant que le film se terminera sur un sourire, tant de l’écrivain que de celui qui est revenu ranimer sa mémoire, pour se réconcilier. Au bout du compte, oui "tout ira bien" pour l’un comme pour l’autre. La vie de chacun peut reprendre son cours et la créativité a encore de beaux jours devant elle. La souffrance se digère. Pourquoi pas ? Mais l'on y croit guère.

Par ailleurs, les dialogues susurrés, la belle et très hermanienne musique d’Alexandre Desplat, aux cordes mélancoliques, n’éveillent guère l’attention d’un récit peu relevé qui, encore une fois, aurait demandé à être plus resserré. On s’ennuie ferme au bout du compte, alors que "Every Thing Will Be Fine" a un fort potentiel et des artistes de grand talent à sa gouverne. Mal accueilli à Berlin, le film confirme ses lacunes en salles. Dommage. 

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