"For those in peril" : fable tragique dans une Ecosse rugueuse
Drame britannique de Paul Wright – Avec George Mackay, Kate Dickie, Nichola Burley et Michael Smiley – Durée : 1h32 - Sortie le 12 février 2014
Synopsis : Aaron, un jeune homme vivant dans un village isolé en Ecosse, est le seul survivant d'un accident de pêche ayant coûté la vie à cinq hommes dont son frère aîné. Poussés par les vieilles légendes et superstitions du coin, les habitants du village le blâment pour cette tragédie et le rejettent.
Le réalisateur Paul Wright est né dans un village de pêcheurs de la côte écossaise. Marqué par les histoires de la mer qui ont bercé son enfance, il a choisi de tourner à Gourdon, dans l’Aberdeenshire, sur la côte Nord-Est de l’Ecosse. Son univers est rude, brutal. Dans cette cité isolée, on connaît la souffrance, l’absence. Et, comme le dit un habitant, « Quand un bateau coule, les familles honorent mieux les disparus que les survivants ». Aaron va en faire la terrible expérience. Peu à peu, le rescapé devient le bouc-émissaire, le pestiféré. Gêné par son attitude, le village en vient à lui reprocher d’avoir survécu.
On accroche tout de suite à cette histoire de « taiseux ». Aaron ne dit pas grand-chose, lui qui a grandi dans l’ombre d’un grand-frère protecteur… L’ombre et le frère ont disparu. Sa douleur est totale, présente dans chaque plan.
Dans la tête de ce garçon fragile, une folie s’installe. Retrouver son frère. Aller le chercher dans « la panse du diable », référence permanente à la légende des gens de mer que lui racontait autrefois sa mère. Et Aaron glisse doucement, vers un malheur encore un peu plus terrible.
Jeune acteur qui joue comme si sa vie en dépendait, George Mackay campe un Aaron extraordinairement crédible. La caméra le suit au plus près, ne le lâche jamais d’une semelle. Son univers gris et austère se colore bientôt de sang. Tout ça va mal finir, on le sent.
Servi par une photo magnifique, qui ne trahit pas l’ambiance et les couleurs de cette Ecosse laborieuse et sévère, « For those in peril » est un film original, poignant et intime qui s’offre le luxe d’une fin hallucinante, dont on ne dira forcément rien, mais qui nous laisse groggy tandis que défile le générique.
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