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"Gaby Baby Doll" : Benjamin Biolay dans un film décalé, sensible et drôle

De Sophie Letourneur, l'on se souvient notamment de "La vie au ranch", sur une communauté de jeunes urbaines colocataires. Avec "Gaby Baby Doll" la cinéaste garde sa tonalité bien à elle, décalée, humoristique, un brin teintée de sociologie, tout en pente douce, en phase avec son époque. Original et poétique.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Benjamin Biolay et Lolita Chammah dans "Gatsby Baby Doll" de Sophie Letourneur
 ( Shellac)
La note Culturebox
3 / 5                  ★★★☆☆

De Sophie Letourneur (France), avec : Lolita Chammah, Benjamin Biolay, Félix Moati - 1h28 - Sortie : 17 décembre 2014

Synopsis :  Gaby, on ne devrait pas la laisser seule la nuit. Or, c'est justement ce que fait Vincent, son petit ami, pour mettre son amour à l'épreuve. Elle a pourtant du mal à contrarier sa nature et, a vite fait d'épuiser la patience des gars du village. Mais cette histoire abrite un autre personnage : Nicolas, gardien du château, et c'est vers cet expert en solitude, que Gaby choisit de se tourner - quitte à le détourner de son cher chemin...
Une vacuité assumée
Gaby (Lolita Chammah) est un peu "perchée". Ses angoisses, son indisposition à se retrouver seule, la pousse à tenter coûte que coûte à trouver quelqu'un avec qui passer la nuit. Non pour la bagatelle, mais pour la compagnie. Ce qui créé des quiproquos avec les gars du village qu'elle sollicite chaque soir. Elle en devient insupportable à leurs yeux, comme une "allumeuse", ce qui la fera rejeter par la petite communauté. A que cela ne tienne, elle va trouver en Nicolas (Benjamin Biolay), un solitaire bougon - tout le contraire d'elle-même -, un compagnon de nuit.

Le film de Sophie Letourneur est tout en mise en scène. Celle-ci repose pour beaucoup sur l'ellipse et la répétition de séquences qui ritualisent les actes : les visites récurrentes de Gaby au café du village, le retour nocturne accompagné à sa maison, les promenades matinales avec Nicolas sur toujours le même parcours… Dans la temporalité de Gaby Baby Doll seuls subsistent les aubes et les nuits. Rien sur le déroulement de la journée qui laisse supposer une totale vacuité. Vacuité dont semble imprégnée Gaby, identifiée à "la Baby Doll" de Tennessee William par sensualité infantile, et qui passe son temps à dormir. Nicolas semble également l'assumer, et au-delà, les gars du village, toujours réunis au café.
Benjamin Biolay et Lilita Chammah dans "Gatsby Baby Doll" de Sophie Letourneur
 (Shellac Distribution)
Un fond et une forme en phase
"Gaby Baby Doll" dégage un charme indéniable, par ses personnages et sa narration iconoclastes, ainsi que la beauté de la campagne bourguignonne, cadre du film. Les lumières matinales et brumeuses de l'automne participent de cet envoûtement. Les rapports houleux entre Gaby et Nicolas, la façon qu'a la première de s'imposer dans la cabane du second, et dans ses promenades sont sources de situations comiques dont Lolita Chammah est entièrement investie. Quant à Benjamin Biolay, il est comme toujours excellent, ici dans la peau d'un hermite taciturne et taiseux, un rien misanthrope. Sans parler du chien omniprésent, à craquer.

Sophie Letourneur allie parfaitement le fond à la forme dans un film jovial, où la nature, l'aube et la nuit sont pratiquement des personnages. Gaby et Nicolas vont d'ailleurs aller de la nuit vers le jour, à leur rythme, syncopé, avec un joli retournement de situation sur la fin. Modeste et intimiste, "Gaby Baby Doll" demeure un réjouissant moment de cinéma à goûter avec plaisir.

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