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Gérard Depardieu se met au rap dans "Tour de France"

Dans "Tour de France" de Rachid Djaïdani, road-movie brut et énergique, le monstre sacré du cinéma français Gérard Depardieu campe un maçon aigri et raciste qui va se transformer peu à peu au contact d'un jeune rappeur, interprété par Sadek. En salles le 16 novembre.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le rappeur Sadek et Gérard Depardieu dans "Tour de France" de Rachid Djaïdani en salles le 16 novembre 2016
 (Mars Films)

Présenté au dernier Festival de Cannes dans la sélection parallèle de la Quinzaine des réalisateurs, "Tour de France" est le deuxième film de Rachid Djaïdani après "Rengaine", fiction coup de poing sur le racisme entre Noirs et Arabes remarquée en 2012.

Aux côtés du rappeur Sadek qui campe Far'Hook, un jeune de 20 ans, Gérard Depardieu incarne dans ce film Serge, un maçon du Nord de la France en fin de carrière, peintre à ses heures perdues. Alors que le rappeur Far'Hook doit quitter Paris pour se mettre au vert après un règlement de comptes, Serge et lui se retrouvent lancés dans un tour des ports de France, de Dieppe à Marseille, sur les traces du peintre du 18e siècle Joseph Vernet, qui passionne Serge.

Le film, au scénario attendu, parfois démonstratif, fonctionne grâce au jeu de ses acteurs et une approche sensible et sans fard. Il montre "la rencontre entre deux France qui ne se sont jamais confrontées l'une à l'autre, la France des quartiers et la France prolétaire et déshéritée", souligne Rachid Djaïdani.

"C'est une sorte de duo entre deux prolétaires qui s'ignorent", explique le cinéaste de 42 ans, également écrivain, lui-même titulaire d'un CAP de maçonnerie. "Ce qui était intéressant, c'était de montrer un jeune de Paris qui allait rencontrer un provincial, et qu’ils allaient au fur et à mesure des kilomètres se dire des mots durs pour arriver à se regarder."

Reportage et interview : P. Deschamps / D. Dahan / L. Calvy / JC. Lambard

  

Une mémorable Marseillaise en rap

Pour ce film, Rachid Djaïdani, ex-champion de boxe d'Île-de-France, qui fut assistant-régie sur "La Haine" de Mathieu Kassovitz et comédien pour Peter Brook avant de se lancer dans la réalisation, a fait appel à celui en qui il voit l'équivalent au cinéma du boxeur de légende Mohamed Ali, Gérard Depardieu.

"Il est magistral. Dans ma vie, j'ai eu la chance de rencontrer Peter Brook, qui avait la même intensité, le même regard bleu, et lui. Quand tu es avec ces hommes-là, tu baisses les yeux mais tu conserves la garde haute", dit-il.

L'acteur des "Valseuses", qui s'impose par sa présence, son culot et son énergie dans le rôle de Serge, entre moments drôles et émotion, s'illustre dans une scène d'anthologie où il revisite la Marseillaise en rap, livrant une performance mémorable.

À Cannes, où le film a été l’un des coups de cœur du public, le comédien de 67 ans avait expliqué que le tournage avait été l'occasion pour lui de comprendre "ce que pouvait être" le rap. "Au début, on est toujours un peu agressé par un certain comportement" mais "chez beaucoup de rappeurs, j'ai cru comprendre qu'il y avait une autre façon de voir la vie", avait-il confié.

"C'est drôle que les attitudes du rap soient plus violentes que ce qui y est dit", avait noté Depardieu, confiant avoir décelé du "romantisme" chez les rappeurs, qui pratiqueraient "une sorte de chamanisme des sociétés modernes".

Pour Rachid Djaïdani, en "le suivant dans cette œuvre", Gérard Depardieu "savait très bien qu'il faisait aussi un acte politique". Il conclut : "Sur ce tournage, il a été mon premier assistant, mon caméraman, mon cadreur, ma scripte, mon frère, mon partenaire, mon allié."

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