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"Girl" : le récit émouvant du garçon qui voulait devenir danseuse étoile

"Girl" fut la double révélation du dernier Festival de Cannes, projeté dans la sélection Un certain regard. C’est le premier film du jeune réalisateur belge de 26 ans Lukas Dhont, qui a remporté la Caméra d’Or (récompense pour un premier film). Le jeune acteur, également belge, Victor Polster, recevait du même coup un Prix d’Interprétation très mérité pour sa première apparition à l’écran.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Victor Polster dans "Girl" de Lukas Dhont
 (UNIVERSUM / Menuet)

Sensible et physique

On pourrait ajouter à ce bel accueil, celui de la critique et du public qui a fait de "Girl" un des événements majeurs de ce 71e Festival de Cannes. Cette réussite repose sur son sujet qui, même s’il est dans l’air du temps en traitant du genre et du transgenre, fait preuve d’une délicatesse extrême dans son approche. Sensible dans les sentiments, ceux-ci s’incarnent dans la question centrale du corps à laquelle est confrontée Lara (Victor Polster).
Lara rêve de devenir danseuse étoile et intègre une grande école de danse en Belgique. Problème : elle a 15 ans et arrive un peu tard pour commencer son apprentissage. Mais son talent lui ouvre les portes de l’institution. Ce n’est toutefois rien à côté de ce qui conditionne sa vie : Lara est née garçon. Elle suit un traitement hormonal lourd qui la chamboule et est sur le point de subir une opération pour changer de sexe, tant ce corps d’homme l’indispose. Si son père la soutient, la cohabitation avec les autres danseurs, d’abord naturelle, n’est pas toujours facile…

Reportage : N. Hayter / S. Gorny / G. Beaufils / R. Torregrossa / S. Lacombe

Masculin-féminin

La prestation de Victor Polster est des plus spectaculaires. Bien que toute en subtilité, elle reste très physique. Son visage féminin va bien au-delà de l’androgynie. Le cinéma lui donne une vraie physionomie de jeune fille, souvent déshabillée à l’écran, créant un contraste entre cette féminité délicate et un buste d’adolescent des plus troublants. De plus, les nombreux numéros de danse qui ponctuent le film soulignent l’investissement de l’acteur, lui-même danseur par ailleurs. Il fallut à ce titre auditionner quelque 500 candidats pour dénicher la perle rare.
Victor Polster dand "Girl" de Lukas Dhont
 (Diaphana Distribution)
Ecrit et réalisé par Lukas Dhont, "Girl" s’inspire d’une histoire vraie dans laquelle le réalisateur a reconnu tout le courage nécessaire à une personne humaine pour vivre son intime réalité aux dépens des conventions. Cette confrontation permanente avec soi et les autres est condensée dans la scène clé de l’anniversaire d’une des élèves, lors de laquelle on la force à dévoiler sa masculinité. Une scène traumatique qui va la faire basculer dans la dépression et plus encore… Malgré quelques scènes répétitives, "Girl" touche, émeut avec élégance sur un sujet délicat qui peut en déranger plus d’un, mais à la jauge duquel on estimera son acceptation de l'autre.
"Girl" : l'affiche
 (Diaphana)

LA FICHE

Genre : Drame
Réalisateur : Lukas Dhont 
Pays : Belgique
Acteurs :  Victor Polster, Arieh Worthalter, Oliver Bodart, Tijmen Govearts, Katalejine Damen, Magali Elali, Alice de Broqueville 
Durée : 1h45
Sortie : 10 octobre 2018
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis : Lara, 15 ans, rêve de devenir danseuse étoile. Avec le soutien de son père, elle se lance à corps perdu dans cette quête d’absolu. Mais ce corps ne se plie pas si facilement à la discipline que lui impose Lara, car celle-ci est née garçon.

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