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"Go home" : Golshifteh Farahani à la poursuite des fantômes du passé

Après son documentaire "Pays rêvé", Jihane Chouaib poursuit l’exploration de son pays, le Liban, douloureusement impacté par une guerre civile qui dura 25 ans. Un film intense, porté par une Golshifteh Farahani sublime, une fois encore.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Golshifteh Farahani dans "Go home"
 (Paraiso Production Diffusion)

Une jeune femme seule, sur une route poussiéreuse, avec comme seule bagage une petite valise à roulettes qu’elle traine derrière elle. Nada est de retour chez elle, à Alay, petite bourgade du centre du Liban, où trônent les vestiges de la bâtisse familiale. Qu’elle devait être belle ! Qu’ils ont dû être heureux ici ! Nada, son frère, ses grands-parents.
 
La guerre civile est passée par là. Elle est finie depuis longtemps déjà, mais elle a laissé des traces. D’abord sur cette maison en ruines. Les belles pierres blanches d’antan sont désormais fêlées, souillées, comme l’intérieur. Le papier peint bordeaux et fleuri laisse maintenant place à un mur bleu et froid que des traces d’excréments et des images de femmes nues tapissent. La demeure n’a pas seulement subi les effets du temps. Elle a dû accueillir la vengeance du voisinage. Car la guerre a aussi laissé des traces dans les cœurs. Dans celui de ces villageois qui ne voient pas d’un bon œil l’arrivée de cette étrangère en quête de réponse. Que cherche-t-elle ? Et puis d’où vient-elle ?

  (Paraiso Production Diffusion)


Intense et légère

La jeune femme veut comprendre ce qu’a bien pu devenir ce grand-père qu’elle aimait tant, considéré ici comme un paria. A-t-il fui ? A-t-il été assassiné ?
 
Nous avions quitté Golshifteh Farahani en mai dernier à Cannes, où elle incarnait dans la balade délicate et poétique de Jim Jarmusch, "Paterson", une amoureuse fantasque et farfelue. Changement de registre donc pour la comédienne qui se pare d’une gravité nouvelle sans se départir de sa fantaisie. Elle joue là une partition subtile, en équilibre perpétuel entre intensité et légèreté. Tout à la fois sombre et fiévreuse dans ses recherches, puis joyeuse, taquine, presqu’enfantine lorsque son frère, lui aussi exilé, la rejoint. Leur relation, sincère, charnelle, sensuelle même, est l’une des plus belles réussites de Jihane Chouaib.
Golshifteh Farahani et Maximilien Seweryn dans "Go home"
 (Paraiso Production Diffusion)

La réalisatrice, qui nous livrait en 2012 un documentaire intimiste et introspectif sur les illusions perdues d’exilés libanais de retour au pays, poursuit ses obsessions. Et "Go home" d’apparaître comme le résultat fictionné, à la lisière parfois du fantastique, de son expérience précédente.
 

Fantômes errants

Sa façon de présenter la maison, avec ces longs travellings à la lumière éblouissante, la rendrait presque irréelle. Une maison qu’on croirait hantée par les fantômes du passé. Le visage de ce grand-père, celui de la petite-fille qu’était Nada.
 
On perçoit même quelque chose de lynchien quand la cinéaste filme les songes de son héroïne, ses divagations permanentes entre rêve et réalité. Cette réalité, c’est la guerre civile, qui a produit des dizaines de milliers de disparus. Des dizaines de milliers de fantômes errants.

LA FICHE

Drame de Jihane Chouaib - Avec Golshifteh Farahani, Maximilien Seweryn, François Nour. Sortie le 7 décembre. Durée : 1h38.

Synopsis : Quand Nada revient au Liban, elle est devenue une étrangère dans son propre pays. Elle se réfugie dans sa maison de famille en ruines, hantée par son grand-père mystérieusement disparu pendant la guerre civile. Quelque chose est arrivé dans cette maison. Quelque chose de violent. Nada part à la recherche de la vérité.



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