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"Godzilla" : le retour en fanfare du roi des monstres

Premier blockbuster de la saison estivale encore balbutiante, "Godzilla" efface en partie le mauvais souvenir du film éponyme de Roland Emmerich. Il prend en quelque sorte le relais de "Pacific Rim" de Guillermo del Toro, sorti l'an dernier et hommage aux films de grands monstres japonais. Toutefois beaucoup plus sombre, il rejoint une tendance générale de la revisite des grands mythes populaires.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
"Godzilla" de Gareth Edwards (II)
 (Warner Bros. France )

De Gareth Edwards (II) (Etats-Unis), avec : Aaron Taylor-Johnson, Bryan Cranston, Ken Watanabe, Elizabeth Olsen, Juliette Binoche, David Strathairn - 2h03 - Sortie : 14 mai 2014

Synopsis : Deux créatures antédiluviennes de sexe opposé refont surface après des millénaires. Leur nourriture ? La radioactivité. Un autre monstre ancestral est réveillé au même moment : Godzilla. Alors que les deux premiers tentent de se rapprocher pour procréer, détruisant tout sur leur passage, Godzilla les combat. Il tente de rétablir la paix sur Terre, tandis que les forces de la nature se déchaînent et que l'humanité semble impuissante...

Le roi des monstres, héros national nipon
King Kong était surnommé en 1933 "la huitième merveille du monde". Quand il apparut en 1954, Godzilla était assimilé au "Roi des monstres" (King of the monsters). Initié par Inoshiro Honda, Godzilla devait être au centre d'une foule de films au Japon, sans doute la franchise la plus célèbre du pays. Parabole autour de l'énergie et l'arme nucléaire, le roi des monstres était dans ses premiers films une créature destructrice et belliqueuse. Puis au fil des années, il devint un monstre protecteur du Japon contre d'autres créatures, tout en s'infantilisant à destination des plus jeunes.

Héros national au Japon, Godzilla remporta également un immense succès aux Etats-Unis, à l'encontre de la France qui n'a distribué ses films qu'avec parcimonie. Les Etats-Unis ont produit un remake du film de Honda en 1998, réalisé par Roland Emmerich. Si ses qualités techniques étaient indéniables, le résultat était par ailleurs très décevant. Cette nouvelle mouture, réalisé par Gareth Edwards, signataire de "Monsters" en 2010, ne peine pas à élevé le niveau avec une certaine noirceur, mais aussi un rien de confusion.

"Godzilla" de Gareth Edwards (II)
 ( © Warner Bros. France )

Spectaculaire mais un peu vain
La principale qualité est de revenir aux sources du mythe : la parenté du monstre avec des origines nucléaires, et un lien fort, sinon atavique avec le Japon.  Gareth Edwards est également respectueux de la tradition des films de monstres japonais (Kaiju eiga), en faisant affronter Godzilla à d'autres créatures de son acabit. Ce point n'est d'ailleurs aucunement présent dans tout le matériel promotionnel du film, alors qu'il est au centre du scénario et de la progression du récit.

Très spectaculaire, "Godzilla" pèche toutefois par un manque de clarté dans son propos. Quelle est donc la motivation de ce monstre gigantesque de s'opposer aux deux autres dans des combats titanesques mettant l'humanité en péril ? Les causes de leur apparition, aux uns comme aux autres, restent très allusives, comme si le film ne retenait que la part de spectacle au détriment du sens. Ce qui était loin d'être le cas du film original de 1954, où le propos anti-nucléaire d'un pays ayant subi deux bombardements atomiques était au premier plan.

Le film se situe dans la lignée de "Pacific Rim" sorti l'an dernier, avec plus de noirceur, notamment détectable dans des images crépusculaires et de très beaux moments tel que le saut en parachute sur San Francisco sur la musique de Ligeti. Le film s'en sort plutôt bien, malgré des lacunes scénaristiques. Mais n'est-ce pas le sort des films catastrophes d'être un rien décérébrés ? 

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