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"Grâce à Dieu" de François Ozon : une avant-première lourde de sens à Lyon

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Article rédigé par Marie Pujolas
France Télévisions - Rédaction Culture
L'équipe du film, des membres de l'association "La parole libérée" et des huissiers. Ambiance particulière pour l'avant-première lyonnaise de "Grâce à Dieu", de François Ozon. Dans la salle, des victimes, leurs familles et des anonymes touchés par cette affaire de pédophilie dans l'Eglise qui a secoué le milieu clérical mais aussi les Lyonnais. le film doit sortir en salles le 20 février.

"Grâce à Dieu", c'est l'histoire de la naissance de l'association "La parole libérée", composée d'anciens scouts lyonnais abusés par un prêtre et qui décident de faire éclater le scandale, quand ils découvrent des années après les faits que le curé mis en cause exerce toujours auprès d'enfants. François Ozon a déjà touché les spectateurs de la Berlinade il y a quelques jours en présentant son film. Mais l'avant-première à Lyon, c'est une autre histoire. Dans la salle il y a des victimes et leurs familles qui découvrent sur grand écran la souffrance de leur fils, frère, ami....Et des huissiers aussi. Suite à la requête d'une femme qui ne souhaitait pas apparaître dans le film. Des affaires judiciaires qui suivent leurs cours. Mais dans la salle, l'heure était à la découverte d'une oeuvre artistique. 

Reportage : France 3 Rhône-Alpes : Y. Marie / L. Crozat / D. Digard / A. Saboureau

Mon fils a 39 ans, il n'a pas de travail, pas de femme. Sa vie a été un peu détruite par le père Preynat, c'est tout ce que je voulais dire.

La mère d'une victime, lors d'un échange avec l'équipe du film

Des moments d'émotion après la projection de "Grâce à Dieu", lorsque des anonymes ont pris la parole devant François Ozon et les acteurs présents pour dire leur expérience personnelle. Le réalisateur, lui, se nourrit de ces témoignages pour légitimer son travail, alors qu'il se bat depuis des mois contre les interdictions et les demandes de report de son film. "En même temps, il y a encore des résistances, et on le sent" explique le réalisateur. "Ici, à Lyon certaines personnes n'ont pas envie que le film sorte. Mais je pense qu'il y a un mouvement général qui fait que les gens ont envie que cette parole soit libérée et que l'omerta au sein de l'Eglise n'existe plus". 

Un film respectueux de l'Eglise

Le film traite de la pédophilie dans l'Eglise, un sujet resté longtemps tabou. En France, c'est notamment grâce à cette affaire lyonnaise que les langues se sont déliées. D'ailleurs, dans la salle de l'avant-première, la plupart des spectateurs présents ont reconnu que le film était respecteux de l'institution religieuse. "Etant catholique, je suis reconnaissante que ce film pose les problèmes. Et que dénoncer cela, vouloir que l'église change, ce n'est pas vouloir détruire l'église" explique une jeune femme dans le public. 

"Des héros" pour Swan Arlaud

Autre moment d'émotion, lorsque l'acteur Swan Arlaud, qui interprète l'une des victimes, explique devant la salle que les acteurs ont prêté leurs traits à des "héros". "Je suis très heureux d'être au service de cette histoire" a-t-il rajouté. La maman de l'une des victimes estime que cette reconnaissance fait beaucoup de biens à tous ces hommes qui ont été abusé dans leur enfance. "Je trouve cela extraordinaire d'avoir dit que les membres de "La parole libérée" étaient des héros. Car c'est vrai". 

La sortie du film est prévue mercredi20 février... sauf décision contraire de la justice. Les avocats de Bernard Preynant ont demandé le report de la sortie après les procès.... Le tribunal des référés en jugera vendredi à Paris.

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