"Gravity" : Sandra Bullock et George Clooney dans un espace sidéral sidérant
De Alfonso Cuarón (Etats-Unis/Grande-Bretagne), avec : Sandra Bullock, George Clooney, Ed Harris - 1h30 - Sortie : 23 octobre 2013
Synopsis : Pour sa première expédition à bord d'une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu'il s'agit apparemment d'une banale sortie dans l'espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l'espace. Le silence assourdissant autour d'eux leur indique qu'ils ont perdu tout contact avec la Terre - et la moindre chance d'être sauvés. Peu à peu, ils cèdent à la panique, d'autant plus qu'à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d'oxygène qu'il leur reste. Mais c'est peut-être en s'enfonçant plus loin encore dans l'immensité terrifiante de l'espace qu'ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre...
Réalisé avec un procédé relief somptueux, « Gravity » nous plonge littéralement dans l’espace orbital de la Terre. Jusqu’ici tout va bien. Le docteur Ryan Stone (Sandra Bullock) bricole et le commandant de la mission Matt Kowalksy (George Clooney) écoute de la musique country, en plaisantant et s’extasiant sur un levé de soleil sur la terre. La petite promenade de santé ne va pas durer, une pluie de débris de satellites pulvérise la navette spatiale et expédie les deux astronautes aux confins de l’espace géostationnaire, tels deux naufragés solitaires. D’autres films ont traité de catastrophes spatiales sur un ton réaliste, tels « Les Naufragés de l’espace » (John Sturges, 1969), ou « Appolo 13 » (Ron Howard, 1995), voire « 2001 l’Odyssée de l’espace » (Staney Kubrick, 1968), où un astronaute se voit également expulsé et en dérive dans l’espace. Mais à l’encontre de « Gravity », ils se déroulent pour une large part dans l’habitacle de vaisseaux spatiaux, ou jouent d’allers-retours entre les astronautes et la terre. Alors que le film de Cuaron situe de rares scènes à l’intérieur de vaisseaux et quasiment aucune sur la planète mère.
Privés de la coquille sécurisante de l’habitacle, livrés à la dérive, perdant le contact radio avec la terre, le docteur Stone et le commandant Kowalsky sont détachés de tout cordon ombilicale avec notre planète, d’où un climat extrêmement anxiogène et vertigineux inédit.
Expérience ultime
« Gravity » joue du double sens contenu dans le titre, où la pesanteur recoupe la gravité de la situation dans laquelle se trouvent les deux astronautes qui vont tenter de rejoindre la terre, le berceau de toute vie, alors que tout joue en leur défaveur.
L’espace est le milieu le plus hostile qui soit, sans oxygène, avec des températures extrêmes, des difficultés d’orientation et de mouvance complexes. Il y a de quoi être perturbé et Alfonso Cuaron se plait à nous faire vivre l’expérience avec un art de la mise en scène et de l’image époustouflant. Après « 2001 », « Gravity » est le meilleur film parvenant à rendre la sensation inhérente à l’espace extraterrestre.
On imagine les difficultés qu’a dû rencontrer Cuaron pour la reconstitution d’un tel environnement. Tout comme celles des acteurs, soumis à de nombreuses scènes d’acrobatie et mis à rude épreuve pour traduire leurs émotions, casqués et engoncés dans de lourdes combinaisons. Le film atteint un niveau de réalisme rare, ponctué de scènes spectaculaires et émotionnelles, avec un suspense haletant de bout en bout.
Ce qui a valu à James Cameron, qui s’y connaît en matière d’expériences ultimes au cinéma, de qualifier « Gravity » de « meilleur film sur l’espace jamais réalisé », tout en soulignant « la dimension humaine » du film. Une appréciation totalement justifiée.
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