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"Heart of Glass", la vie passionnée d'un maître verrier

Curieux documentaire que "Heart of Glass", consacré à un jeune créateur sur verre, un maître verrier, sorti de nulle-part, visiblement touché par la grâce d’une matière fascinante. Il lui donne tout, elle le sauvera, au sens propre, à l’issue de plusieurs drames. Aujourd’hui, Jeremy Maxwell Wintrebert semble tiré d’affaire, les commandes fusent : histoire d’une rédemption.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
"Heart of Glass" de Jérôme de Gerlache
 (Zelig Films Distribution)

Providence

"Heart of Glass" n’est pas un film sur un artiste verrier. C’est l’histoire d’un homme, tout court, que la vie a labouré, avant que la providence lui ouvre une porte, une porte étroite, dans laquelle il s’est engouffré avec passion pour se sauver. L’on croirait une entrée en religion, ou une expérience mystique. C’est pratiquement le cas, mais l’objet de cette dévotion n’est rien d’autre que le verre, le façonnage de cette matière en fusion, gluante, brûlante, ou lisse, froide, et légère, selon son état. Paradoxale, magique.
C’est lors de l’une de ses installations dans le magasin d’une grande franchise de vêtements à New York, que s’effectue la rencontre avec Jeremy. Rapidement, il expose son parcours. Une enfance heureuse passée en Afrique, avec ses parents, un père français, coopérant, et une mère engagée, d’origine américaine. Mais les drames s’enchaînent : elle, meurt quand il a 12 ans, puis son père est victime d’une rupture d’anévrisme deux ans plus tard, qui le laisse dans l’antichambre de la mort pendant sept ans. Après un retour à Paris, Jeremy largue les amarres, part à New York, où il sombre dans la drogue et l’alcool, devenant une loque dans un minuscule appartement, où il s’isole comme un détritus dans une poubelle. Jusqu’à ce qu’un signe du destin transforme le cours de sa vie.

Raison de vivre

En phase de réinsertion, Jeremy entre dans un atelier-verrier : c’est le coup de foudre. Une alchimie étonnante s’effectue en lui, le poussant irrésistiblement à apprendre le métier, devenir apprenti, puis le collaborateur privilégié du patron. D’autres vicissitudes l’attentent, et pas des moindres, mais cette révélation sera désormais sa raison de vivre et ce qui le maintiendra en vie. Dorénavant artisan à temps plein, artiste à part entière, à la tête d’un atelier de renommée internationale, Jeremy vit pleinement sa passion, multipliant les installations à travers le monde.
"Heart of Glass" de Jérôme de Gerlache
 (Zelig Films Distribution)
A la caméra, Jérôme de Gerlache, comme tout bon documentariste, colle au plus près de son sujet : l’homme plus que le métier, même si on le voit beaucoup à l’œuvre, tant l’un et l’autre sont fusionnels. Si l’expérience humaine touche, et le travail du verre - la fusion, le soufflage, les installations - fascinent, il faut attendre la dernière partie du film pour être ému. Ce n’est que dans sa dernière phase que "Heart of Glass" dépasse les standards du documentaire, pour atteindre une émotion poignante. C’est que tout ce qui la précède y aura sans doute préparé. Un beau sujet, hors du commun, mais dont le traitement tarde à briser la glace.
"Heart of Glass" : l'affiche
 (Zelig Films Distribution)

LA FICHE

Documentaire de Jérôme de Gerlache (France), Avec : Jeremy Maxwell Wintrebert - Durée : 1h14 - Sortie : 14 décembre 2016

Synopsis : Un voyage à travers plusieurs pays à la poursuite d’une histoire; celle d’un jeune souffleur de verre, Jeremy Maxwell Wintrebert, au talent singulier. Jeremy raconte son histoire singuliaire, de son passé douloureux, des tragédies qui l’ont laissé à terre, puis de sa renaissance, sa rédemption, et de ce métier qui a fait de lui un artiste. Du jour où il a rencontré le verre, la matière en fusion lui a permis de trouver comment exprimer sa colère, transcender sa tristesse en beauté, canaliser sa rage pour la transformer en objets qui tentent d’apporter un peu de beauté à ce monde. Il a brûlé ses démons dans le four de cette passion.



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