"Il était une fois dans l'Est" en VOD : touchante odyssée adultère en Russie
Réalisatrice confirmée en Russie, Larissa Sadilova signe la chronique d’un adultère au goût de road movie dans une Russie rurale, qui sort le 11 juin en VOD.
Titré en russe Odnazhdy contre Trubchevske (noms des personnages), le choix français de Il était une fois dans l'Est n’est pas des plus judicieux, tant il se réfère à Sergio Leone, puis à Nuri Bilge Ceylan (Il était une fois en Anatolie) et récemment à Quentin Tarantino (Il était une fois... à Hollywood). Rien à voir avec cette histoire d’adultère entre un chauffeur routier et une tricoteuse, voisin-voisine, dans la campagne russe, entre un village perdu et Moscou.
Regard entomologiste
Camionneur faisant régulièrement l’aller et retour entre son village et Moscou, Egor prend à chaque fois sur sa route Anna, sa voisine, qui va vendre ses tricots à Moscou. Marié, il trompe sa femme en passant avec elle le temps de ses déplacements, dans sa cabine de camion et les hôtels. Un jour, elle lui propose de tout divulguer, en louant une maison qui devient leur foyer adultérin. Leurs conjoints réciproques se doutent de quelque chose, et Anna avoue tout à son mari, alors que Egor hésite.Auteure du scénario et derrière la caméra, Larissa Sadilova (Nothing Personal, Happy Birthday) observe son couple illégitime avec tendresse mais aussi comme une entomologiste. Elle dresse une étude de mœurs, parvenant au constat, souvent vérifié, que la femme s’engage plus auprès de son amant que l’inverse. Si Anna met son mari devant le fait accompli, on ne sait jamais vraiment si l’épouse d’Egor a appris qu’il la trompait, rien n’est explicite. Croit-il que tout le quartier a été mis au courant ? Et il fantasme une scène d’aveux colérique, alors que son épouse ne lui laisse jamais supposer qu’elle sait la vérité. Son fils, lui, semble tout savoir…
Road movie adultérin
Larissa Sadilova fait preuve d’une jolie écriture dans cette histoire commune qui recèle pourtant bien des originalités. Elles résident dans les personnalités de son couple adultérin et dans la description du cadre, qui dévoile une Russie peu représentée à l’écran. Mais on les trouve aussi dans les périples en camion, le quotidien dans la cabine, les nuits d’hôtel, leurs retrouvailles autour d’un café sur la route… La réalisatrice imprègne ces scènes d’atmosphères sensibles, entre documentaire et romanesque. Il émane alors de Il était une fois dans l'Est un "charme discret" prolétarien, pour reprendre le titre de Luis Bunuel, Le Charme discret de la bourgeoisie. Aux antipodes du surréalisme de ce film emblématique des années 1970, il distille un réalisme observateur des sentiments, où sensibilités masculines et féminines se répartissent des rôles contraires, selon que l’on est trompeur/trompeuse-trompé(e), assumé(e) ou non. La dernière scène, assez énigmatique - la commémoration d’un fait héroïque de la Seconde Guerre mondiale -, renvoie tout le monde dos-à-dos face ses responsabilités. Une insouciance demeure, teintée de nostalgie, avec un regard porté vers le futur qu’incarne un groupe d’adolescentes qui reproduiront peut-être les amours d’Anna avec un autre Egor. Emouvant.
La fiche
Genre : Drame
Réalisatrice : Larissa Sadilova
Acteurs : Egor Barinov, Yury Kisilyov, Valentina Kozova, Alexandra Bobkovskaya
Pays : Russie
Durée : 1h30
Sortie : 11 juin 2020 (VOD)
Distributeur : Jour2Fete
Synopsis : Printemps, été, automne, hiver. Les jours s'égrainent harmonieusement dans un paisible village de Russie. Anna prend chaque semaine le bus pour aller vendre ses tricots à Moscou. Mais elle en descend après quelques virages. Le même jour, son voisin routier va charger son camion pour une longue semaine de voyage. Il s'arrête lui aussi immuablement à la sortie du village... Désir, amour, suspicion et badinage, rien ne peut rester longtemps secret...
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