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"Inherent Vice" : Paul Thomas Anderson trop stone ou sous sédatif ?

L'on peut avoir parfois le sentiment troublant de passer à côté d'un film. Cela dérange d'autant quand il s'agit du dernier long métrage de Paul Thomas Anderson qui nous a donné de grandes réussites, "The Master", "Punch-Drunk Love", "Magnolia", "Boogie Nights" et un chef-d'œuvre, "There Will Be Blood". Mais avec "Inherent Vice", le compte ne semble pas y être...
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Joaquin Phoenix dans "Inherent Vice" de Paul Thomas Anderson
 (Warner Bros entertainment / Wilson Webb)
La note Culturebox
2 / 5                  ★★☆☆☆

De Paul Thomas Anderson (Etats-Unis), avec : Joaquin Phoenix, Josh Brolin, Owen Wilson, Katherine Waterston, Reese Witherspoon, Benicio Del Toro - 2h29 - Sortie : 4 mars 2015

Synopsis : L'ex-petite amie du détective privé Doc Sportello surgit un beau jour, en lui racontant qu'elle est tombée amoureuse d'un promoteur immobilier milliardaire : elle craint que l'épouse de ce dernier et son amant ne conspirent tous les deux pour faire interner le milliardaire… Doc mène l'enquête dans cette fin des années psychédéliques aux Etats-Unis, enfumées de marijuana, ce qui ne va pas l'aider à tirer le grain de l'ivraie d'embrouilles à n'en plus finir...

Post-psychédélisme

Paul Thomas Anderson aime les histoires complexes, à tiroirs, digressions à la clé, avec des constructions chorales et parfois un humour iconoclaste. "Inherent Vice" ne déroge pas à la règle avec un beau casting dominé par un Joaquin Phoenix de tous les plans, Josh Brolin et Owen Wilson, ainsi qu'une foule de seconds rôles tenus notamment par Benicio Del Toro ou Reese Whiterspoon.

L'action, située, à Los Angeles en 1969, permet de revenir sur une période où les Etats-Unis sortent du "flower power" des hippies, alors que vient de se tenir le mythique festival de Woodstock. Secouée par l'enlisement de plus en plus profond dans le conflit vietnamien, l'Amérique a comme la "gueule de bois" à une époque charnière de son histoire qui semble avoir tiré les dernières flèches d'un âge d'or. Fumeur de joints invétéré devant l'éternel, Doc Sportello (Joaquin Phoenix) incarne cet état embrumé, entre deux eaux, comme déconnecté d'une réalité qui lui échappe.

Katherine Waterston dans "Inherent Vice" de Paul Thomas Anderson
 (Warner Bros entertainment / Wilson Webb)

Confus et bavard

Paul Thomas Anderson restitue parfaitement ce sentiment de passage d'un monde à l'autre, avec beaucoup d'atmosphère. Doc est "trimbalé" dans des histoires successives, sans avoir aucune prise sur ce qui lui arrive, avec aux trousses un flic violent (Josh Brolin) qui a plus d'une dent contre lui. Aussi, le mot clé de l'affaire est "paranoïa". Une "parano" qu'entretient, c'est bien connu, la consommation de cannabis qui, si elle peut être euphorique, peut également générer ce fameux "flip".

Mais le bât blesse dans une narration confuse où les digressions s'enchaînent les unes aux autres avec une cohérence des plus lâches. Le tout dans un flot de paroles ininterrompu au détriment d'une action soporifique sur une durée de deux heures et demie. Paul Thomas Anderson, qui signe le scénario d'après le roman éponyme de Thomas Pynchon ("Vice caché" en français, au Seuil) donne l'impression de s'être mélangé les pinceaux, ce à quoi il ne nous a guère habitué. Mais tout le monde peut se tromper… 

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