"Jersey Boys" : Clint Eastwood enchanteur
3 / 5 ★★★☆☆
De Clint Eastwood (Etats-Unis), avec : John Lloyd Young, Christopher Walken, Erich Bergen, Vincent Piazza, Michael Lomenda - 2h14 - Sortie : 18 juin 2014
Synopsis : Quatre garçons du New Jersey, issus d'un milieu modeste, montent le groupe "The Four Seasons" qui deviendra mythique dans les années 60. Leurs épreuves et leurs triomphes sont ponctués par les tubes emblématiques de toute une génération qui sont repris aujourd'hui par les fans de la comédie musicale…
Un groupe sans histoire ?
Groupe vocal des années 60 au succès international, "The Four Seasons" ne se prêtait pas à priori à un biopic. Pas de frasques à scandale, une image un rien conservatrice et "propre sur eux" n'engage guère à une dramaturgie mouvementée. Qu'on ne se laisse pas berner par un apriori trompeur. L'histoire des "Four Seasons" a d'autres atouts que le sempiternel triumvirat sexe, drogue et alcool, redondant dans les biopics musicaux.
Sujet : MJ Jouan / P. Frémont
"Jersey Boys" est par ailleurs l'adaptation de la comédie musicale éponyme jouée à Broadway et partout dans le monde. "The Four Seasons" s'enracine dans l'origine commune de ses quatre membres, issus d'un milieu modeste du New Jersey, trois d'entre eux ayant flirté avec la délinquance, et ayant toujours gardé peu ou prou des liens avec la mafia. Christopher Walken interprète ainsi à merveille un parrain "bienveillant" sur le groupe.
Psychologie musicale
Les ressorts dramatiques reposent sur les rapports entre les quatre musiciens et chanteurs. L'amitié, les inimitiés, les difficultés à harmoniser les points de vue artistiques et pécuniaires du groupes, mais aussi les problèmes familiaux du leader Franckie Valli, en raison des nombreuses tournées. Clint Eastwood fait vivre de l'intérieur le processus de créativité des "Four Seasons" en les suivant tous de près. Leurs rivalités, leurs rapprochements, leurs rapports parfois houleux avec leur manager et co-auteur Bob Crewe. Ce dernier est par ailleurs l'initiateur de la comédie musicale à l'origine du film.
Eastwood favorise la donne psychologique, tout en multipliant les numéros musicaux parfaitement reconstitués et typiques du style années 60, à la télévision et en concert. Sa mise en scène, comme d'habitude, tire vers le classicisme. Mais il l'agrémente du procédé peu usité de faire s'adresser les personnages directement au spectateur pour donner leur propre vision d'une histoire plurielle. Le cinéaste joue également magnifiquement d'un traitement de couleurs éteintes, apportant beaucoup d'atmosphère. Le film ne tire pas pour autant sur la corde nostalgique, mais privilégie les rapports humains au centre d'une création collective.
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