"Judy" : une formidable Renée Zellweger dans un biopic scolaire sur Judy Garland
Renée Zellweger a remporté le grand chelem : Bafta, Golden Globes et Oscar de la meilleure actrice pour "Judy", mais le film fait couac.
Sur scène depuis l’âge de deux ans, Judy Garland restera éternellement la Dorothy du Magicien d’Oz (1939), mais connut une période de vaches maigres sur la fin de sa vie que retrace son biopic Judy, sur les écrans mercredi 26 février. Si Renée Zellweger mérite les Bafta, Golden Globes et Oscar de la meilleure actrice qu’elle a remportés pour le rôle-titre, le film, signé par le Britannique Ruppert Goold, suscite moins d’éloges.
Destin tragique
En 1968, après une carrière de star à Hollywood, Judy Garland est fragilisée par les médicaments et l’alcool. Insolvable, ses dettes s'amoncèlent et elle se débat pour obtenir la garde de ses enfants. Acculée, elle se produit alors dans une série de concerts à Londres censés la remettre sur les rails. C’est un triomphe de courte durée. Elle retrouve néanmoins vie au contact du public, de ses amis, bataille avec son manager, et retrouve un jeune amant. Mais le show peut virer au cauchemar à tout moment, tant elle est instable. Sa vitalité sera-t-elle à la hauteur pour surmonter l'épreuve ?
Comme nombre de stars, Judy Garland connut un destin tragique, malgré ses talents d’actrice, de chanteuse, de danseuse, d’artiste complète. La rançon de la gloire fut la mainmise des producteurs sur elle depuis son enfance, lui inventant une vie privée ; un parcours conclu par une mort prématurée à 47 ans. C’est cette dernière phase, ponctuée de flash-backs, qu’a choisi d’adapter le britannique Ruppert Goold dans Judy. Ce metteur en scène de théâtre, associé à la Royal Shakespeare Company puis passé au cinéma, convainc moins à l’écran, mais bénéficie d’une pépite dans Judy : Renée Zellweger.
Passages obligés
Le choix de suivre Judy Garland en fin de vie permet de revenir sur sa carrière, son cercle d’intimes, et d'évoquer le succès persistant d’une star des années 1940 sur le retour. Mais il offre surtout un éclairage sur les tourments d’une vie sacrifiée au cinéma et au music-hall. Une facette moins connue de la star. Son apogée avec Le Magicien d’Oz (Victor Fleming, 1939), grava son nom dans le marbre, revient telle une obsession. Dès la première scène, le producteur Louis B. Mayer la charme de tout son paternalisme. Il l’exploitera jusqu’à la corde, lui imposant un régime infernal de travail, l’exposant à tour de bras dans les médias, la privant d'une enfance et une adolescence "normales".
Si les intentions sont bonnes, Ruppert Goold n’est toutefois pas à leur hauteur. Le réalisateur emprunte des passages obligés, sans leur donner d'âme ou de relief. Les scènes se succèdent plus qu’elles ne s’enchaînent, tant et si bien que l’on se demande où est le scénario. Bien sûr on voit passer les enfants de Judy (dont la future Liza Minnelli), ou Mickey Rooney, dont elle s’amouracha en vain, puis on assiste à son mariage tardif avec un gigolo... Même si les reconstitutions du Londres des années 1960 et de l’âge d’or d’Hollywood sont au rendez-vous, le charme et l’énergie n'opèrent pas. Renée Zellweger s'identifie au rôle, sauve le film avec une palette d’émotions impressionnante. Mais Judy ne nous emmène pas "over the rainbow".
La fiche
Genre : Biopic / Drame
Réalisateur : Ruppert Goold
Acteurs : Renée Zellweger, Jessie Buckley, Finn Wittrock, Rufus Sewell, Michael Gambon, Richard Cordery, Bella Ramsey, Royce Pierreson
Pays : Etats-Unis
Durée : 1h58
Sortie : 26 février 2020
Distributeur : Pathé
Synopsis : Hiver 1968. La légendaire Judy Garland débarque à Londres pour se produire à guichets fermés au Talk of the Town. Cela fait trente ans déjà qu’elle est devenue une star planétaire grâce au Magicien d’Oz. Judy a débuté son travail d’artiste à l’âge de deux ans, cela fait maintenant plus de quatre décennies qu’elle chante pour gagner sa vie. Elle est épuisée. Alors qu’elle se prépare pour le spectacle, qu’elle se bat avec son agent, charme les musiciens et évoque ses souvenirs entre amis, sa vivacité et sa générosité séduisent son entourage. Hantée par une enfance sacrifiée pour Hollywood, elle aspire à rentrer chez elle et à consacrer du temps à ses enfants. Aura-t-elle seulement la force d’aller de l’avant ?
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