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"L'Autre vie de Richard Kemp" : Anglade dans un thriller fantastique

Pour son premier film, Germinal Alvarez n’a pas choisi la facilité. S’il s’inscrit dans le cinéma de genre, en l’occurrence le thriller, il le teinte de fantastique par le truchement d’un jeu sur le voyage dans le temps pas facile à lui relier. Le défi est pourtant bel et bien relevé, avec, devant la caméra, de très convaincants Jean-Hughes Anglade et Mélanie Thierry.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Mélanie Thierry et Jean-Hugues Anglade dans "L'Autre vie de Richard Kemp" de Germinal Alvarez
 (Haut et Court)

De Germinal Alvarez (France), avec : Jean-Hugues Anglade, Mélanie Thierry, Philippe Berodot - 1h42 - Sortie : 5 juin 2013

Synopsis : Alors que le Commandant de Police Richard Kemp enquête sur un meurtre, d'étranges similitudes lui rappellent le Perce-Oreille, un tueur en série qu'il a traqué en vain au début de sa carrière. Son seul témoin est Hélène Batistelli. Mais un événement mystérieux renvoie Kemp vingt ans en arrière, en mai 1989, à la veille du premier meurtre commis par le Perce-Oreille. Kemp tente d’empêcher les meurtres d'avoir lieu, mais un jeune flic lui complique la tâche : cet inspecteur ambitieux n'est autre que lui-même, vingt ans plus tôt... Hélène, qui ignore encore tout de lui, va alors croiser son chemin… 

Si le voyage dans le temps est au cœur de « L’Autre vie de Richard Kemp », il n’est pas pour autant question ici de science-fiction à la H. G. Wells. Le processus relève plus d’un traumatisme que subit Richard Kemp (Jean-Hugues Anglade), mais ne fait aucune ambigüité et relève donc plus du fantastique que de la S-F. Germinal Alvarez ne se prend pas les pieds dans le tapis dans un scénario tarabiscoté mais maîtrisé, avec un étonnant réalisme, ce qui était loin d’être gagné d'avance.

Le fantastique n’est jamais aussi pertinent et percutant que quand il joue la carte du réalisme. Le télescopage entre 2010 et 1989 prend corps par petites touches qui vont vite devenir une évidence, mettant Kemp dans une situation inédite à en perdre la raison. S’il va la maîtriser c’est grâce à l’homme prosaïque qu’il est. Sans argent, puisque l’euro n’existait pas alors, sa façon de s’en procurer fait justement appel aux prémonitions qu’il peut se permettre, venant du futur. Jusqu’à sa rencontre avec sa propre personne, âgée de 20 ans de moins, nœud gordien de l’affaire.

Mélanie Thierry dans "L'Autre vie de Richard Kemp" de Germinal Alvarez
 (Haut et Court)

Si l’enquête prend la plus grande place de « L’Autre vie de Richard Kemp », l’histoire d’amour de l’inspecteur avec Hélène (Mélanie Thierry), son témoin de 2010, retrouvée en 1989, est à l’origine d’une très belle variante reposant sur le complexe temporel du film. Pour que la sauce prenne, il fallait un scénario garant de cohérence. Tour de force réussi. Les Cassandres reprocheront le caractère fumeux de l’histoire, en bons cartésiens, et passeront à côté du mélange de suspense et de poésie dont il est porteur.

L'autre versant du film est la tentation de Kemp de changer l'histoire en empêchant les meurtres de 1989, puisqu'il en connaît des indices avant qu'ils ne se produisent. Si l'uchronie est à portée de main, elle n'est pas si simple à concrétiser... Original et bénéficiant d’une belle facture, « L’autre vie de Richard Kemp » ne va pas révolutionner la planète cinéma, mais s’avère un premier film ambitieux, excitant et entraînant, dans le registre peu usité du cinéma de genre en France.

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