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"L'ombre des femmes" de Philippe Garrel : l'amour à l'épreuve de la trahison

Clotilde Courau, Stanislas Mehrar et Léna Paugam sont les principaux interprètes de "L'ombre des femmes", un film de Philippe Garrel en noir et blanc présenté en compétition à la Quinzaine des Réalisateurs du dernier festival de Cannes. Une histoire d'amour et de trahison dans le Paris modeste d'aujourd'hui et traitée au plus près de la réalité des sentiments.
Article rédigé par franceinfo - Jean-François Lixon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Stanislas Mehrar et Clotilde Courau dans "L'ombre des femmes"
 (DR)
La note Culturebox
4 / 5                  ★★★★☆

Il y a Manon (Clotilde Courau) et il y a Pierre (Stanislas Mehrar). Ils sont mariés et ne roulent pas sur l'or quand il rencontre Elisabeth (Léna Paugam) avec qui il vit très vite une relation basée sur l'entente physique. Un matin, par hasard, Elisabeth s'aperçoit que Manon, elle aussi, entretient une liaison adultère.

A s'en tenir à ce court résumé, on imagine ce qu'un Edouard Molinaro aurait proposé. Une comédie enlevée avec quiproquos et gags. Mais Philippe Garrel n'est pas un amuseur. Dans "L'ombre des femmes", pas de cocus, mais des hommes et des femmes trahis et en souffrance. Pas de glamour mais de simples êtres humains, modestes parisiens de 2015 confrontés aux difficultés d'aimer.
 

 

Un film sur la trahison

"L'ombre des femmes" parle avant tout des trahisons, les petites et les grandes. Pierre est un documentariste qui s'est lancé dans un film sur la Résistance reposant sur le témoignage d'un héros de la lutte contre l'occupant nazi. Une période tout entière marquée par la menace de la trahison. Et un projet mené par un homme lui-même en pleine trahison de celle qu'il aime. Comme on trouve souvent chez Shakespeare la pièce dans la pièce, on entrevoit ici le film dans le film. Pierre se donne toutes les excuses du monde pour justifier son comportement. Se reconnaissant peut-être dans ces petites compromissions avec sa dignité, le public rit comme on se débarasse d'un fardeau. Qui n'a pas vécu de ces situations inextricables qui finissent par une rupture alors qu'aucun des deux ne veut quitter l'autre ? Qui ne se reconnait pas dans l'un ou l'autre, voire la troisième actrice ou le quatrième acteur de ce drame de l'amour ? Voila le simple message que semble vouloir faire passer Philippe Garrel dans ce film pourtant tout en retenue : si l'amour est là, il est plus fort que la trahison. Ou il peut l'être.
 


Ecoutez et regardez l'intégralité de la rencontre entre Clotilde Courau et Culturebox sur cette page.

Noir et blanc

Film court, 1h13, "L'ombre des femmes" a été tourné dans un beau noir et blanc très granuleux. Interrogé par le public cannois sur ce choix, Philippe Garrel répond par ce qui parait d'abord une boutade "Parce que c'est moins cher". Mais Philippe Garrel n'est pas homme à plaisanter pour plaisanter. Et il s'explique : aujourd'hui la crise est là et les budgets ont fondu de moitié. En conséquence, si le cinéaste n'a pas économisé sur les collaborateurs, aussi bien artistiques que techniques, il a tout fait pour compresser son budget. Alors il a tout filmé quasiment au même endroit. Les intérieurs sont ceux d'un seul immeuble et les extérieurs d'un même quartier de Paris. "Quand on change de lieu, il faut remplir les camions, les déplacer... ça prend beaucoup de temps et au cinéma, le temps coûte très cher. Faire un film en noir et blanc permet aussi de masquer certaines différences qui seraient criantes sur des images en couleurs. Cela permet aussi de faire tourner les comédiens sans maquillage." Ni misérabiliste ni austère, le noir et blanc apporte à cette histoire d'amour perdu et (peut-être) retrouvé une profondeur et une justesse qui n'ont d'égales que celles du jeu des comédiens.
 

Philippe Garrel et ses comédiens à Cannes
 (Jean-François Lixon)


L'ombre des femmes de Philippe Garrel, 1h13, noir et blanc - Avec Clotilde Courau, Stanislas Merhar, Léna Paugam - Musique de Jean-Louis Aubert - Sortie : 27 mai 2015

Synopsis :  Pierre et Manon sont pauvres. Ils font des documentaires avec rien et ils vivent en faisant des petits boulots. Pierre rencontre une jeune stagiaire, Elisabeth, et elle devient sa maîtresse. Mais Pierre ne veut pas quitter Manon pour Elisabeth, il veut garder les deux. Un jour Elisabeth, la jeune maîtresse de Pierre, découvre que Manon, la femme de Pierre, a un amant. Et elle le dit à Pierre… Pierre se retourne vers Manon parce que c’est elle qu’il aime. Et comme il se sent trahi, il implore Manon et délaisse Elisabeth. Manon, elle, rompt tout de suite avec son amant. On peut supposer que c’est parce qu’elle aime Pierre.

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