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L'outsider "3 Billboards" de McDonagh désormais parmi les favoris aux Oscars

C'est un drame policier mâtiné d'humour noir : "3 Billboards" du Britannique Martin McDonagh, excelle autant par son scénario, ses dialogues et son ambiance que par ses comédiens, au point d'être devenu un des favoris aux Oscars, après sa récente moisson aux Golden Globes. En salles en France le 17 janvier.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Frances McDormand et Woody Harrelson dans "3 Billboards, Les Panneaux de la vengeance".
 (2017 Twentieth Century Fox)

"3 Billboards, Les Panneaux de la vengeance" ("Three Billboards Outside Ebbing, Missouri", dans son titre original) est passé d'outsider à l'un des films favoris pour les Oscars. Les Golden Globes sont passés par là.

Reportage : N. Lemarignier / I. Palmer

Moisson de rêve aux Golden Globes

Lauréat en septembre du Prix du public au Festival de Toronto (TIFF), qui est généralement un premier indicateur fiable pour dresser des pronostics, "3 Billboards" a remporté en effet quatre récompenses majeures aux Golden Globes, qui est l'antichambre des Oscars : "Meilleur film dramatique", "Meilleur scénario", "Meilleure actrice dans un film dramatique" pour Frances McDormand et "Meilleur acteur dans un second rôle" pour Sam Rockwell. Seul le prix du "Meilleur réalisateur", décerné au Mexicain Guillermo Del Toro pour "La forme de l'eau", a échappé à Martin McDonagh.
A 47 ans, le talent de scénariste et de dialoguiste de ce cinéaste passé par le théâtre a également été salué à la dernière Mostra de Venise, qui a récompensé "3 Billboards" du Prix Orsella du meilleur scénario.

Bourgade imaginaire du Missouri

Dire que son troisième long métrage (après "Bons baisers de Bruges" et "Sept psychopathes"), bénéficie d'une écriture inspirée, ciselée, dynamique est un doux euphémisme. Chaque réplique prononcée par les comédiens est d'une justesse imparable. Impressionnante même, surtout pour ce qui est de dresser un portrait réaliste de l'Amérique profonde, des sans droits, de la part d'un cinéaste anglais d'origine irlandaise, dont "3 Billboards" est la première incursion outre-Atlantique.

L'histoire se situe à Ebbing, une bourgade imaginaire du Missouri. Plusieurs mois se sont écoulés depuis le viol et le meurtre de la fille de Mildred Hayes (interprétée par Frances McDormand) et l'enquête ne progresse toujours pas. A bout, elle décide de faire placarder sur trois panneaux publicitaires géants à l'entrée de la ville des messages qui fustigent l'inefficacité du chef de la police locale, le pourtant très respecté William Willoughby (Woody Harrelson).
Entre les forces de l'ordre, dont l'impulsif et violent officier Jason Dixon (Sam Rockwell), et Mildred, c'est le début d'une escalade incontrôlable, dont les conséquences sont imprévisibles.

Suspense émotionnel

Car c'est aussi une des grandes qualités de ce film que d'éviter tout manichéisme. A ce titre, Martin McDonagh ne cède à aucune facilité scénaristique et parvient à garder sous tension son spectateur, tout en installant un véritable suspense émotionnel. A la gravité de certains instants succèdent parfois subitement des pics d'humour inattendus mais jamais incongrus. Le parfait équilibre obtenu tient autant aux dialogues qu'aux personnages imaginés par McDonagh. Tous sont passionnants à suivre pour leur psyché, leur mode de pensée, leurs traumatismes et in fine leur évolution à l'écran et dans l'histoire.

Du pain bénit pour le mésestimé comédien Sam Rockwell, en qui George Clooney avait vu le gros potentiel dans sa première réalisation "Confessions d'un homme dangereux" et qui trouve là le rôle de sa vie, en policier bas du front duquel se dégage quelque chose d'enfantin. Et pour Frances McDormand, formidable en mère dure à cuire, animée par le chagrin et la colère. Une performance plus dense encore que dans "Fargo", qui lui avait valu un Oscar en 1997.

L'ombre des frères Coen

L'ombre des frères Coen, qui dressent depuis trente ans un tableau désopilant et sans concession de l'Amérique profonde, plane d'ailleurs sur "3 Billboards", inutilement sous-titré "Les panneaux de la vengeance" en français. On pense à "Fargo", mais également à leur grand film "No Country for Old Men" où violence et humour à froid faisaient également bon ménage. Mais contrairement à ce dernier, qui ne se départait jamais de son côté sombre, l'espoir perce derrière les panneaux de "3 Billboards". Et avec lui, la possibilité d'une rédemption, de parvenir à accepter la mort, de continuer à vivre malgré elle.
Même si l'habile séquence finale se garde bien d'induire si au bout de la route il y la reconstruction ou l'autodestruction.

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