"La Belle et la Bête", version frénétique avec acteurs du dessin animé Disney
Montage de compétition
Il y a des sujets qui interpellent plus que d’autres. "La Belle et la Bête" est l’un d’eux. Plus connu dans la version de 1757 de Madame Leprince de Beaumont, que dans l’originale de 1740 par Madame de Villeneuve, le conte est adapté au cinéma dès 1899, puis dans sa version la plus connue et la plus illustre de 1946 signée Jean Cocteau. On ne compte plus depuis les transpositions sur grand écran, à la télévision, en comédies musicales, le dessin animé Disney de 1991 contribuant largement à ce succès. Celle qu’en donna Christophe Gans, injustement décriée en 2014, avec Léa Seydoux et Vincent Cassel, se référait à la première version du conte. Celle de Disney 2017 est un remake, quasiment "copier-coller", du dessin animé, avec Emma Watson et Dan Stevens dans les rôles-titres.Une pléiade d’acteurs de renom les seconde : Kevin Kline, Ewan McGregor, Emma Thompson, Stanley Tucci, Ian McKelklen. Mais ils font des apparitions fugitives, la plupart prêtant leur voix aux objets animés (chandelier, pendule, théière…) du château de la Bête, pour n’apparaître sous forme humaine, qu’une fois délivrés de leur sort à la fin du film. Car comme le très réussi "Livre de la jungle", ce "Belle et la Bête" nouvelle version relève plus du film d’animation en images de synthèse que d’une version "live". Très réaliste, dans ses décors, ses personnages, tout en référence à l’iconographie des contes, elle souffre d’un montage de compétition mouliné dans un maelström d’images étourdissant, pour ne pas dire abrutissant.
Aux enfants du XXIe siècle
Le travail d’orfèvre des concepteurs visuels en pâtit, la frénésie du rythme ne permettant pas de l’apprécier à sa juste valeur et élaguant tout poésie au projet. Demeurent deux belles séquences : la parodie des comédies musicales de Busby Berkeley et la défense finale du château de la Bête contre les villageois. La part belle revient également aux objets vivants, Lumière, Big Ben, Mme Samovar, Garderobe, à la source des meilleurs moments du film. Quant à la musique, évidemment largement mise à contribution, c’est celle de l’original de 1991, dans le plus pur style Disney, avec une mention spéciale au titre phare du dessin animé, "Tale as Old as Time"/"Histoire éternelle", récompensé d’un Oscar en 1992.
On comprend pourquoi Guillermo Del Toro, initialement prévu à la réalisation, a laissé sa place au plus consensuel Bill Condon ("Mr. Holmes", "Le Cinquième pouvoir", "Twillight 4 et 5"…). La version définitive de "La Belle et la Bête" demeure celle de Cocteau, inégalable, même si celle de Christophe Gans mérite d’être citée, n’en déplaise à beaucoup. Destinée aux enfants du XXIe siècle, l’interprétation 2017 correspond sans doute aux critères contemporains du défilement compulsif des images, au détriment du temps contemplatif du conte. Ce qui reste à vérifier.
LA FICHE
Conte fantastique de Bill Condon (Etats-Unis) - Avec : Emma Watson, Dan Stevens, Luke Evans, Kevin Kline, Josh Gad, Ewan McGregor, Emma Thompson, Audra McDonald : 2h09 - Sortie : 22 mars 2017
Synopsis : Fin du XVIIIe siècle, dans un petit village français. Belle, jeune fille rêveuse et passionnée de littérature, vit avec son père, un vieil inventeur farfelu. S'étant perdu une nuit dans la fôret, ce dernier se réfugie au château de la Bête, qui le jette au cachot. Ne pouvant supporter de voir son père emprisonné, Belle accepte alors de prendre sa place, ignorant que sous le masque du monstre se cache un Prince Charmant tremblant d'amour pour elle, mais victime d'une terrible malédiction.
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