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"La Braconne" : un western moderne qui vise juste

Pour son premier long-métrage, Samuel Rondiere installe un duo étonnant entre un arnaqueur sur le déclin et un gamin égaré. Une histoire de transmission dans un décor de centres commerciaux. Original.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Rachid Youcef et Patrick Chesnais dans "La braconne"
 (Bandonéon)

Comédie dramatique de Samuel Rondiere – avec Patrick Chesnais, Rachid Youcef et Audrey Bastien – durée : 1h22 – Sortie : 2 avril 2014

Synopsis : Driss, pas vingt ans, vit de petits rackets et d'expédients. Il croise la route de Danny, voleur fatigué, qui arpente les zones commerciales au volant de sa vieille Merco. Sous la houlette de Danny, le jeune Driss, frimeur et naïf, fait ses classes et apprend quelques ficelles. Le monde violent où l'emmène peu à peu le vieux truand va mettre un terme à l'insouciance du jeune homme...

On pourrait être n'importe où. Ce décor nous est pourtant familier. A l'entrée de Lorient, de Douai ou de Montélimar, peut-être ? En l'occurrence, c'est dans la ZAC (zone d'activité commerciale) de Tours que Samuel Rondiere a posé sa caméra. Un paysage passe-partout qui s'est imposé aux entrées de toutes les villes de France. Marchands de tapis et moquettes, de papiers peints, et magasins de bricolages. Enseignes géantes et parkings immenses. Rondiere y a vu un territoire de western moderne.

Des dialogues ramassés, de longs silences, et une image qui fait mouche, captant l'ambiance très particulière de ces zones périurbaines, ni-villes, ni-campagnes. Derrière un ressort classique – la constitution d'un duo forcément déséquilibré, Danny en fin de course et Driss à peine sorti de l'adolescence – c'est un film original qui naît.
Patrick Chesnais et Rachid Youcef dans "La braconne"
 (Bandonéon)
Patrick Chesnais est magnifique dans la peau de cet arnaqueur fatigué et attachant, qui cherche à se refaire après l'arrestation de son équipier historique. Pourquoi jette-t-il son dévolu sur Driss (Rachid Youcef), gamin frimeur et illettré, toute petite frappe de la cité ? Les choses ne sont pas dites, mais Chesnais a choisi son successeur, sans doute a-t-il trouvé chez lui les signes de sa propre fragilité.

Toujours noir, parfois violent, la Braconne se distingue essentiellement par son esthétique épurée, la qualité de son improbable duo d'acteurs et sa capacité à éviter les lieux communs, les stéréotypes. Sans être révolutionnaire, le film occupe un espace finalement peu exploré jusque là.

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