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"La Chute de l’empire américain" : Denys Arcand brocarde le monde du tout argent

Troisième volet d’un cycle inauguré par Denys Arcand avec "Le Déclin de l’empire américain" (1986), suivi des "Invasions barbares" (2003), "La Chute de l’empire américain", après le sexe et la mort, éreinte le tout argent qui mène le monde. L’on y retrouve le ton iconoclaste coutumier du cinéaste québécois : un polar décalé, joyeux et pamphlétaire.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"La Chute de l'empire américain" de Denys Arcand
 (Jour2fête)

Tarantino, les frères Cohen et Arcand

"La Chute de l’empire américain" commence comme un film de Quentin Tarantino, avec son braquage raté et violent ("Reservoir Dog"). Il se poursuit tel un film des frères Cohen comme "No Country for Old Men", où un candide se retrouve avec un magot d'un cartel de la drogue. Il continue enfin comme du pur Denys Arcand dans le démontage perspicace de faits de société, sur un ton de comédie débridée.
Chauffeur livreur désabusé avec un doctorat de philo en poche, Pierre-Paul est témoin d’un hold-up violent qui tourne mal. Il se retrouve avec deux sacs bourrés de millions de dollars sur les bras. Le pouvoir de l’argent s’abat sur lui. Son instinct vénal le met sur le chemin d’une séduisante escort girl, d’un ex-taulard malin comme un singe et d’un avocat véreux. Y perdra-t-il son âme ?

L’argent rend bête

Etre intelligent est un handicap à la réussite, déclare, démonstration à l’appui, Pierre-Paul Daoust (Alexandre Landry), le héros de "La Chute de l’empire américain". Un propos qui sert bien le nouveau film de Denys Arcand. La réussite est le plus souvent synonyme de l’argent et du pouvoir qu’il procure dans tous les domaines : confort, luxe, séduction… Pierre-Paul va la toucher du bout des doigts seulement en ramassant deux sacs remplis de billets. Dès ce moment, sa vie change : il va rencontrer la femme de ses rêves qui va l’emberlificoter, puis un bras cassé de bon conseil, mais dangereux, et un avocat prêt à l’escroquer…
Nanti d’un Q.I. plus élevé que la moyenne, Pierre-Paul va pourtant tomber dans tous les pièges, aveuglé par la poule aux œufs que constitue ces millions tombés du ciel. Mais au final il va mettre tout le monde de son côté, en séduisant l’égérie de ses rêve, en tirant le meilleur de son repris de justice, et en confondant l’avocat qui veut profiter de lui. Moraliste et non moralisateur, Arcand fait passer son héros par l’étape de la bêtise due à la facilité, pour enfin s’en échapper. L’argent rend bête par la perversion qu’il entraîne. En en prenant conscience, Pierre-Paul va vaincre le monde du "fric" et de ses magouilles, identifié à l’Amérique (Trump en tête) du titre du film, pour le dénoncer, le dépasser, le faire choir. Drôle et édifiant.
"La Chute de l'empire américain" : l'affiche
 (Jour2fête)

LA FICHE

Drame de Dennys Arcand
Pays : Canada
Avec : Alexandre Landry, Maripier Morin, Rémy Girard, louis Morissette, Maxime Roy, Pierre Curzi, Vincent Leclerc, Yan England
Durée : 2h09
Sortie : 20 février 2019

Synopsis : À 36 ans, malgré un doctorat en philosophie, Pierre-Paul Daoust est chauffeur pour une compagnie de livraison. Un jour, il est témoin d'un hold-up qui tourne mal, faisant deux morts parmi les gangsters. Il se retrouve seul avec deux énormes sacs de sport bourrés de billets. Des millions de dollars. Le pouvoir irrésistible de l’argent va bousculer ses valeurs altruistes et mettre sur sa route une escort girl envoûtante, un ex-taulard perspicace et un avocat d’affaires roublard. Après Le déclin de l’Empire Américain et les Invasions Barbares, La Chute de l’Empire Américain clôt ainsi la trilogie du réalisateur Denys Arcand.

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