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"La Femme des steppes, le flic et l'œuf" : chronique insolite d'une femme en Asie centrale

Un rare film mongol, aussi étrange que son titre, où une bergère indépendante et maligne donne une leçon de vie à des hommes malhabiles.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"La Femme des steppes, le flic et l'oeuf" de Quanan Wang (Copyright Wang Quan An / Diaphana Distribution)

Fort de sept longs métrages, le réalisateur mongol Quanan Wang sort mercredi 19 août son nouvel opus, La Femme des steppes, le flic et l'œuf, plein de charme et d’un exotisme quasi-extraterrestre. Une histoire de femme, en même temps que son portrait, dont le mode de survie au cœur des steppes de Mongolie est devenu un style de vie tout court.

Thriller trompeur

Quand le corps d’une femme dénudée est découvert au milieu des steppes mongoles, la police convoque une bergère solitaire pour seconder un jeune flic laissé sur place durant la nuit pour veiller le cadavre. Ces quelques heures vont chambouler leur vie, alors qu’un vieil ami de cette femme indépendante tourne autour d’elle, sans vraiment s’engager.

Commençant comme un thriller avec l’esquisse d’une enquête policière, l’intrigue part totalement ailleurs. Cet ailleurs, c’est la Mongolie que Quanan Wang filme avec contemplation, dans des plans qui exaltent une horizontalité à perte de vue, aux couleurs changeantes, dominées par la blondeur de la steppe, des ciels indigo, des couchers et des levers de soleil fascinants. Cette horizontalité dominante rappelle les westerns de Sergio Léone, que l’on retrouve dans une musique évoquant parfois Ennio Morricone, mais aussi dans le titre français qui renvoie au Bon, la brute et le truand.

Maîtresse femme

Mais le ton westernien lorgne aussi du côté de Star Wars, où l’aridité des steppes de l’Asie centrale se substituerait aux sables de la planète Tatooine, et où un magnifique chameau rappelle les Banthas, bêtes de somme des Tuskens dans la saga. C’est dire si l’exotisme est de mise. Un dépaysement total que l’on retrouve dans les personnages, et la bergère en tête. Célibataire qui s’occupe de ses moutons et de ses chevaux en milieu hostile, elle s’est forgée un tempérament indépendant, non dénué de charme pour les hommes qui l’approchent.

Dulamjav Enkhtaivan dans "La Femme des steppes, le flic et l'oeuf" de Quanan Wang. (Copyright Wang Quan An / Diaphana Distribution)

Comme régulièrement dans le cinéma asiatique, ces derniers sont dénués de maturité, niaiseux, obnubilés par l’alcool et le jeu. Elle, en revanche, maîtrise son environnement et fait preuve d’une sagesse qui rivalise avec leur virilité de surface. Une maîtresse femme. Et l’œuf ? On le laissera découvrir au spectateur. Ils sont deux en fait, un très ancien et un nouveau. Ils répartissent l’ancestralité ethnique dans laquelle s’enracine la bergère, d’une part, et le renouveau vers lequel elle tend, d’autre part. Magnifique.

L'affiche de "La Femme des steppes, le flic et l'oeuf" de Quanan Wang. (DIAPHANA DISTRIBUTION)

La fiche

Genre : Drame
Réalisateur : Quanan Wang
Acteurs :  Dulamjav Enkhtaivan, Aorigeletu, Norovsambuu Batmunkh

Pays : Mongolie
Durée : 1h40
Sortie : 19 août 2020
Distributeur :  Diaphana Distribution

Synopsis : Le corps d’une femme est retrouvé au milieu de la steppe mongole. Un policier novice est désigné pour monter la garde sur les lieux du crime. Dans cette région sauvage, une jeune bergère, malicieuse et indépendante, vient l’aider à se protéger du froid et des loups. Le lendemain matin, l’enquête suit son cours, la bergère retourne à sa vie libre mais quelque chose aura changé.

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