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"La Fille de Brest" : Sidse Babett Knudsen, seule contre tous

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Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Après la "Tête haute" et "Elle s’en va", changement brutal de registre pour Emmanuel Bercot qui adapte le livre d’Irène Frachon, "Mediator 150MG : Combien de morts ?". Un film intense qui évite le piège du didactique.

Pas facile de raconter au cinéma le scandale du Mediator tant le dossier semble complexe. C’est ce qu’on se disait avant d’assister à la projection de "La Fille de Brest". Force est de constater qu’Emmanuelle Bercot livre là un film-dossier réussi, monté comme un thriller, haletant, rythmé, efficace et convaincant de bout en bout.

Reportage : M-H Bonnot / D. Basier / F. Bazille / M. Berrurier/ W. Kamli / J. Bignon / P. Dumail / C. Indjeyan 


De la première scène du film, où l’on voit une Sidse Babett Knudsen, lutter, seule, contre les flots d’un océan agité. Une métaphore habile de ce qu’a vécu Irène Frachon en se jetant à corps perdu dans un combat qu’elle ne pouvait que perdre. Jusqu’à la dernière. Un plan-séquence à la Tati où l’actrice, emprisonnée dans une porte tambour tourne en rond, inexorablement, son téléphone vissé aux oreilles pour préparer une prochaine bataille. Judiciaire celle-ci et loin d’être terminée aujourd’hui.

Sidse Babett Knudsen dans "La Fille de Brest"
 (Jean-Claude Lother)

Portrait de femme

Entre-temps, entre ces deux scènes métaphoriques, il y aura surtout eu un portrait de femme. Celui de cette pneumologue du CHU de Brest qui va dénoncer auprès de l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), les effets mortels du Médiator. De cette mère de famille fantasque, crue et passionnée, engagée dans un combat qui la dépasse, a priori. Il y a quelque chose d’ "Erin Brockovich, seule contre tous" de Soderbergh dans cette histoire-là, chez cette femme-là. Dans l’allure, le naturel, le franc-parler. À la fois grande gueule et infiniment humaniste.
 
Sidse Babett Knudsen, héroïne de la série Borgen et César de la meilleur actrice dans un second rôle pour l’Hermine, est une nouvelle fois flamboyante. Benoît Magimel, dans la peau du professeur Le Bihan, talentueux et fragile, n’est pas en reste. Et leur relation, entre ce spécialiste prudent et mesuré et cette médecin exaltée, est des plus poignantes.


Belle et déstabilisante réussite

Ce que réussit Emmanuelle Bercot, c’est de faire preuve de la même exaltation que son actrice, sans épargner une seconde son spectateur, lui infligeant une scène d’autopsie à la limite du supportable. Elle y va franchement, crûment, comme à son habitude. Surtout, elle évite le piège des méchants labos parisiens contre les gentils médecins brestois en lui préférant une critique acerbe des institutions publiques qui ont manqué à leur obligation de contrôle.
 
Le résultat, un film plus intense et emporté qu’emphatique. Une belle et déstabilisante réussite. 

Emmanuelle Bercot à Paris en novembre 2016
 (Boris Courret)

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