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"La Fracture" de Catherine Corsini, film-poil à gratter sur la crise sociale et hospitalière en France

Une des réalisatrices majeures du cinéma français revient avec Valeria Bruni Tedeschi, Marina Foïs, Pio Marmai, et Assiatou Diallo Sagna, une soignante remarquable, dans une comédie hors-normes.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Valeria Bruni Tedeschi et Marina Foïs dans La Fracture (© CHAZ Productions)

Emblématique d’un cinéma d’auteur exigeant et intimiste, Catherine Corsini change de registre dans La Fracture, sur les écrans mercredi 27 octobre. Elle brocarde la crise sociale française dans un film choral autour des Gilets jaunes et des personnels soignants, tout en parlant d'amour. Si le sujet est grave, le film est d’une drôlerie irrésistible, embarquant Valeria Bruni Tedeschi, Marina Foïs, Pio Marmai et une actrice non professionnelle, la remarquable soignante Assiatou Diallo Sagna, dans une comédie hors des sentiers battus.

Mieux vaut en rire qu’en pleurer

Julie vient de rompre avec sa compagne Raf, qui fait une mauvaise chute. Elles se retrouvent toutes deux aux urgences, alors qu’affluent dans l’hôpital des blessés de la plus grosse manifestation de Gilets jaunes à Paris. Elles y croisent Yann, très en colère, meurtri par une grenade policière. La tension monte dans la capitale, les blessés sont en surnombre et l’hôpital est débordé : bienvenue dans la nuit la plus longue…

On n’attendait pas Catherine Corsini sur un film aussi drôle avec un sujet social. Si l’on rit beaucoup, La Fracture n’est pas pour autant une comédie, ni une satire ou une parodie. Les situations sont trop réalistes pour être de simples détournements. Elles semblent des anecdotes vécues dont "il vaut mieux rire que pleurer". Assiatou Diallo, aide-soignante, y joue son propre rôle. Au cœur de l’action, elle personnifie ce que vit le personnel soignant au jour le jour. Très applaudie à Cannes où le film a remporté la Queer Palm, La Fracture traite de la crise que traverse l'hôpital, amplifiée par la pandémie.

Drôle de drame

S’il fallait qualifier La Fracture, cela pourrait être un pamphlet drolatique. Pio Marmai, en chauffeur routier qui n’a pas déclaré son absence pour manifester, énervé contre Emmanuel Macron, contre les patients, contre l’hôpital, et Valeria Bruni Tedeschi, en amoureuse éconduite, font des numéros hilarants. Le film est au croisement de Hara-Kiri et des Monty-Python, mais il est aussi traversé de sentiments.

Valeria Bruni Tedeschi et Marina Foïs dans "La Fracture" de Catherine Corsini (2021). (CHAZ Productions)

C’est à l’écriture de Catherine Corsini que l’on doit une telle perspicacité, l'humour dévastateur et l’émotion qui appuie là où ça fait mal. Sa mise en scène, virevoltante au cœur de ce chaos en huis-clos de l’hôpital, le rythme dans lequel elle nous entraîne, évoquent Drôle de drame (1937) de Marcel Carné avec en commun l'absurde. Une vision contemporaine qui touche juste, vécue et tournée à chaud, avec un œil critique et fécond, sans colère ni militantisme. Seulement une histoire habitée de vrais personnages filmés avec humour et cœur.

L'affiche de "La Fracture" de Catherine Corsini. (LE PACTE)

La fiche

Genre : Comédie dramatique
Réalisatrice : Catherine Corsini
Acteurs : Valeria Bruni Tedeschi, Marina Foïs, Pio Marmai, Assiatou Diallo Sagna  
Pays : France
Durée : 1h38
Sortie : 27 octobre 2021
Distributeur : Le Pacte

Synopsis : Raf et Julie, un couple au bord de la rupture, se retrouvent dans un service d’Urgences proche de l'asphyxie le soir d'une manifestation parisienne des "gilets Jaunes". Leur rencontre avec Yann, un manifestant blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun. À l'extérieur, la tension monte. L’hôpital, sous pression, doit fermer ses portes. Le personnel est débordé. La nuit va être longue…

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