"La La Land" : le cinéma, la musique, l'amour, la vie... What else ?
Modernité
"La La Land" tombe à pic, comme s’il répondait à une attente. Inventif, en phase avec le temps, il n’en demeure pas moins tout en référence au passé : l’âge d’or d’Hollywood, "Un Américain à Paris", Jacques Demy, "Coup de cœur". On aurait aimé que ce dernier film, mal aimé, de Francis Coppola, génère un tel enthousiasme en 1982. Il fut trainé dans la boue, alors qu’il avait les mêmes qualités que le film de Chazelle. Son défaut ? Etre en avance sur son temps. Gene Kelly, Jacques Demy, Francis Coppola et désormais Damien Chazelle, ont en commun ce qui constitue la modernité : leur intemporalité.
Damien Chazelle avait cloué sur leur siège les spectateurs de "Whiplash. Rarement jeune cinéaste démontrait à ce point l’accord entre un sujet et son traitement, un art du récit et de l’émotion aussi abouti, une cinématographie si achevée. "La La Land" recèle les mêmes atouts, enrichis d’une lettre d’amour au cinéma. Avec comme fil rouge, la musique, sublimée par la danse et le chant qui explosent dès une scène d’ouverture inouïe, un plan séquence chorégraphié avec un tel art qu’il restera dans l’histoire. Comme la rencontre dans un embouteillage de "La Soif du mal" d’Orson Welles, avec "Les Demoiselles de Rochefort" de Jacques Demy. Fichtre !
Un couple idéal
Mais si "La La Land" fonctionne aussi bien, c’est aussi en grande partie pour son couple d’acteurs, Brian Gosling et Emma Stone, qui renouent, eux aussi, avec des rôles emblématiques du grand Hollywood : deux jeunes gens portés par l’amour et leur passion pour leur art, sur le chemin de la réussite. Parviendront-ils à lier les deux ? C’est tout l’enjeu du film. Un sujet déjà présent dans "Whiplash" et qui trouve ici un magnifique dénouement, dont la résolution, sur la forme, n’est pas sans rappeler celle de "Brazil" de Terry Gilliam. Gosling et Stone portés par la mise en scène, de tous les plans, composent des performances remarquables, tant émotionnellement, que physiquement. Ils ont déjà été réunis par la passion dans "Gangster Squad" et "Crazy Stupid Love". C’est donc leur troisième rencontre. Il vont bien finir par se marier ces deux-là.
Reportage : P. Deschamps / V. Bouffartigue / J. Bignon / N. Berthelot
Chazelle développe des trésors de lyrisme. Sensibles dans sa formidable ouverture, mais aussi lors de la scène d’amour au planétarium, au cours du voyage à Paris, dont les décors peints renvoient à "Un Américain à Paris" avec son hommage à Dufy, et dans une fin à tirer les larmes. Le réalisateur avait déjà tâté du musical dans son premier film, "Guy and Madeline on Park Bench", et "Whiplash" évoquait la relation entre un étudiant en percussions et son professeur tyrannique. Damien Chazelle reste fidèle à son approche musicale du cinéma, et du jazz en particulier. Il l’enrichit d’une trame romanesque glamour, d’une beauté visuelle époustouflante, sur un rythme endiablé, sans fausse note.
LA FICHE
Comédie musicale de Damien Chazelle (Etats-Unis), Avec : Ryan Gosling, Emma Stone, John Legend, J.K. Simmons, Rosemarie DeWitt, Finn Wittrock - Durée : 2h08 - Sortie : 25 janvier 2017
Synopsis : A Los Angeles, une actrice en devenir, Mia, sert des cafés entre deux auditions. De son côté, Sebastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance. Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent… Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ?
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