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"La Tendre indifférence du monde" : film flamboyant sur un monde corrompu

Le titre "La Tendre indifférence du monde", renvoie à la fin de "l’Etranger" de Camus, quand son héros, Meursault, prend conscience de la tragédie humaine. C’est le deuxième film kazakh qui fait actualité en France cette année, après "Ayka", Prix d’interprétation féminine à Cannes (sortie 19 janvier 2019). "La Tendre indifférence du monde" séduit par sa beauté formelle et son émotion.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Dinara Baktybayeva dans "la Tendre indifférence du monde" d'Adilkhan Yerzhanov
 (Arizona Distribution)

L’innocence menacée

Ce premier film d’Adilkhan Yerzanov était également le deuxième film kazakh projeté à Cannes, lui, dans la section Un certain regard. Il transporte son héroïne de sa campagne natale vers la ville, accompagné d’un chevalier servant. Belle, instruite, avec son diplôme de médecine sous le bras, Salfanat est envoyée par sa mère chez son riche oncle pour lui demander de combler leurs dettes abyssales. Accompagnée de Kuandyk, elle va se retrouver face à des hommes d’affaires véreux qui vont profiter d’elle…
Salfanat et Kuandyk, qui se connaissent depuis l’enfance, incarnent l’innocence. Enracinée dans leur ruralité commune, ils vont se confronter à la violence urbaine et à la malignité des affairistes qui gouvernent la ville. La nature est omniprésente avec ses plantes, ses fleurs, le soleil dans lesquels baigne la campagne kazakhe. Les végétaux parviennent à prendre racine jusque dans les fissures murales de la cité. Ils sont comme les traces d’un état originel résistant à un monde qui l'annihile. A son image, Salfanat et Kuandyk risquent d’être éradiqués.

Tous corrompus

La corruption est au centre de "La Tendre indifférence du monde". La mère de Salfanat sait très bien dans quelles mains elle livre sa fille. Refusant les avances de son oncle, elle subit la corruption de sa génitrice qui la manipule pour la sortir de prison. Puis elle est confrontée à un parent menteur, et à un entrepreneur qui veut l'épouser.
Talgat Sydykbekov dans "La Tendre indifférence du monde" de Adilkhan Yerzhanov
 (Arizona Distribution)
Ce n’est donc pas tant la corruption par le seul argent, même s’il est au centre du processus, que dénonce "La Tendre indifférence du monde". Le film pointe la nature foncièrement corruptible d’individus "indifférents" à la probité des autres. L’oncle, son ami patron, même la mère de Salfanat, jusqu’à cette dernière corrompue par force. Pessimiste, le film n’en demeure pas moins baigné d’une lumière solaire qu’illumine la très belle Dinara Baktybayeva, comme pour nuancer une noirceur profonde.
"La Tendre indifférence du monde" : l'affiche
 (Arizona Distribution)

LA FICHE

Genre : Drame
Réalisateur : Adilkhan Yerzhanov 
Pays : Kazakhstan / France
Acteurs : Dinara Baktybayeva, Kuandyk Dussenbaev, Kulzhamiya Belzhanova
Durée : 1h39
Sortie : 24 octobre 2018

Synopsis : La belle Saltanat et son chevalier servant Kuandyk sont amis depuis l’enfance. Criblée de dettes, la famille de Saltanat l’envoie dans la grande ville où elle est promise à un riche mariage. Escortée par Kuandyk qui veille sur elle, Saltanat quitte son village pour l’inconnu. Les deux jeunes gens se trouvent entraînés malgré eux dans une suite d’événements cruels et tentent d’y résister de toutes les façons possibles.

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