"La Voleuse de livres" : la culture comme réponse au totalitarisme
De Brian Percival (Etats-Unis/Allemagne), avec : Geoffrey Rush, Emily Watson, Sophie Nélisse, Ben Schnetzer - 2h11 - Sortie : 5 février 2014
Synopsis : Liesel est une jeune fille envoyée dans sa famille d’adoption allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle apprend à lire avec le soutien de sa nouvelle famille, et de Max, un réfugié Juif qu’ils cachent sous leurs escaliers. Pour Liesel et Max, le pouvoir des mots ainsi que leur propre imagination vont devenir leur seule échappatoire face à la guerre.
La révélation Sophie Nélisse
Réalisateur britannique ayant plutôt travaillé pour la télévision, Brian Percival (« Nord et Sud », « Downton Abbey ») signe sans doute son film le plus ambitieux avec « La Voleuse de livres », son deuxième passage au grand écran, après « A Boy Called Dad » attendu prochainement en France. Reconstitution historique, acteurs prestigieux (Geoffrey Rush et Emily Watson), adaptation d’un roman vendu à plus de huit millions d’exemplaires dans le monde, le film a d’autres cordes à son arc, comme mélodrame attachant, non moins respectueux d’une réalité historique, traitée sur un mode romanesque touchant et universel.
Geoffrey Rush campe un père adoptif totalement conquis par la jeune réfugiée qu’il recueille, avec une sensibilité qui lui est commune, dans un rôle totalement craquant. Emily Watson, son épouse, est nettement moins convaincue, dans un rôle de matrone autoritaire qui au fil des années va virer sa cuti. Mais c’est la jeune canadienne Sophie Nélisse, vue en 2011 dans « Monsieur Lazhar », qui illumine le film. Elle convient parfaitement au rôle de Liesel, dans sa beauté radieuse, mais également dans un jeu sensible qui transmet son ouverture à la culture, sa compassion envers les autres et les difficultés à garder un secret.
Didactisme
Les Cassandres reprocheront sans doute au film son manque de rugosité, et la texture un peu lisse de la reconstitution. Cela serait passer à côté du message profondément humaniste de cette histoire emblématique de la répression nazie contre la culture, et ici envers les livres, puis envers les Juifs, la famille d’adoption de Liesel cachant un jeune fugitif qu’elle connaissait avant la guerre. L’amitié entre Liesel et Max (Ben Schnetzer) naît autour des livres qu’elle lui lit au cours de sa convalescence, ce qui, dit-il, lui aura sauvé la vie.
La mise en scène de Brian Percival ne révolutionne pas le genre et revendique une facture très classique, voire académique. Mais elle fait passer les sentiments, notamment les rapports entre enfants, parfois dans une amitié sincère et protectrice, son versant obscure étant la jalousie, allant jusqu’à reproduire le monde des adultes avec la tentation de la délation.
Notons enfin la très belle musique de John Williams qui délaisse ses orchestration oppulantes pour des compositions plus douces et harmonieuses, pleine de sensibilité. L’accessibilité du film relève sans doute de la volonté de faire passer le message aux jeunes générations, de plus en plus déconnectées de l’histoire du régime nazi. « La Voleuse de livres » joue pleinement ce côté didactique si nécessaire aujourd’hui.
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