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"Landes", ce feu qui couve dans la forêt

La fée électricité préférable à un meilleur salaire ? Dans les années vingt, "Landes ", sorti en salles le 31 juillet, dresse le portrait d'une jeune veuve de propriétaire forestier éprise de modernité, coincée entre la méfiance de son milieu de grands bourgeois et l'urgence revendicative des gemmeurs dans la misère. Entretien avec son réalisateur, François-Xavier Vives.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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La forêt landaise, théâtre du film de F.X. Vives
 (Sesame Films)
Reportage : P. Pannier / D. Mazeres / D. Laurent
Liéna (Marie Gillain, sobre et juste), 35 ans, perd son mari et par la même une vie insouciante. Elle hérite de ses vastes propriétés et de son rêve: amener l'électricité partout sur le domaine, jusqu'aux masures de ces ouvriers chargés de récolter la résine dans les plantations de pins. En plongeant dans les années 20, le réalisateur François-Xavier Vives ancre son sujet à une époque où la crise sociale couve et les premières grèves arrivent. Surnommée "l'or en barrique", la résine de pin a fait la fortune des grands propriétaires et créé un véritable prolétariat de la forêt. Dès lors, les gemmeurs ont les mêmes revendications que les ouvriers des usines, sur les salaires, un prix minimum pour la résine, etc.
Marie Gillain dans "Landes"
 (Sesame Films)
L'héroïne, pétrie de bonnes intentions, se met à dos tout le monde à commencer par sa famille et autres grands propriétaires forestiers qui voient en elle une ennemie potentielle prête à céder aux grévistes, surtout depuis qu'elle veut leur donner l'électricité. L'erreur de Liéna saute encore plus aux yeux lorsqu'elle fait irruption un soir sans prévenir dans la maison d'un gemmeur. La famille dîne à la bougie. Quand elle leur demande s'ils sont bien raccordés, le père répond par l'affirmative et allume le bouton. Tout le monde est ébloui par une ampoule crachant une lumière forte et crue mais qui du même coup rend saisissant le caractère chiche de la nourriture et les épouvantables conditions de vie de la maisonnée. Modernité sociale contre modernité technologique: "cela me plaisait de faire s'affronter ces deux conceptions. Cela ne veut pas dire que Liéna ait tort. C'est juste une histoire de désynchronisation", raconte le réalisateur dans le dossier de presse. Le conflit va en effet éclater de tous côtés, ramenant tous les protagonistes en permanence dans ces forêts gigantesques majestueusement filmées par un réalisateur amoureux de son pays d'enfance.
Un aspect méconnu de la lutte ouvrière

François-Xavier Vives avait déjà planté sa caméra dans ce "magnifique décor de cinéma", pour un documentaire "1860, sur l'extrême horizon". Avec "Landes ", ces forêts prennent toute leur dimension sur grand écran, y compris historique. Le personnage de Liéna a été inspiré au réalisateur par "la soeur de mon arrière grand-mère (...), une femme très autoritaire" veuve très tôt et qui a choisi de prendre la tête des domaines", dit-il encore. "Dans ce milieu encore très masculin, cette forte tête avait réussi à s'imposer comme patronne", poursuit-il tout en expliquant qu'il avait romancé le personnage. "La Liéna de ma famille était infiniment moins moderne et progressiste que la Liéna du film ". François-Xavier Vives a encore ajouté un souffle romanesque en inventant une histoire d'amour façon Lady Chatterley entre Liéna et son régisseur Iban (énigmatique Jalil Lespert) ou encore un mal d'enfant. Marie Gillain évoque un scénario à la "Out of Africa" ou "La leçon de piano" dans la façon qu'ont les Anglo-saxons de partir "d'une histoire très spécifique pour rejoindre la grande Histoire". Si "Landes " n'a pas le souffle épique de ces deux oeuvres multirécompensées, le long métrage de Vives, aux décors et costumes soignés, a le mérite de faire découvrir au spectateur un aspect méconnu de la lutte ouvrière. Avec 33 000 entrées pour sa semaine d'exploitation, le film devrait pouvoir atteindre son objectif de 100 000 spectateurs. 

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