"Last Words" : Jonathan Nossiter filme une Terre postapocalyptique où le cinéma a le dernier mot
Le réalisateur de "Mondovino" adapte "Mes derniers mots" de Santiago Amigorena avec Nick Nolte, Charlotte Rampling et Stellan Skarsgård.
Cinéaste militant de la cause environnementale, chantre d’une viticulture raisonnée, lui-même agriculteur américain vivant en Italie, Jonathan Nossiter (Mondovino) adapte Mes derniers mots de l'écrivain argentin Santiago Amigorena dans Last Words, qui sort mercredi 21 octobre. Dans ce film sélectionné au Festival de Cannes 2020, Nick Nolte, Charlotte Rampling, Stellan Skarsgård et le débutant Kalipha Touray, campent les derniers survivants sur Terre après l’apocalypse.
Apocalypse now
En 2085, la Terre n’est plus qu’un désert peuplé de survivants isolés. Parmi eux, Kal découvre de mystérieuses bandes de celluloïds recouvertes d’images, en provenance de Bologne, dont il ne comprend pas le sens. Arrivé sur place, il tombe sur un vieil ermite qui l’initie au cinéma. Informés de l’existence de terres cultivables à Athènes, ils y trouvent une communauté à laquelle ils projettent des films. Tous y reconnaissent les dernières traces d’une humanité pleine de vie..
Le sujet postapocalyptique est un classique de la science-fiction romanesque et au cinéma (Le Choc des mondes, Le Monde, la chair et le diable, Le Dernier rivage, Je suis une légende, 2012, La Route…). Jonathan Nossiter s’y essaye en le teintant d’un discours écologique et environnementale, tout en mettant au cœur de son projet une réflexion sur la nature et l’impact du cinéma. Un rapprochement qui, au prime abord, ne va pas de soi, pourtant des plus pertinent grâce à un récit humaniste à la poésie évanescente.
Cinéma résilient
Une terre minérale, des océans couleur de sang, des villes en ruines, des survivants isolés et hostiles… tel est le monde que visualise Jonathan Nossiter sans que l’on sache l’origine de ce chaos final. Cette humanité en loque a oublié ce qu’elle a été et ce qui l’a amené à cette échéance ultime. La découverte de bobines de films de la Cinémathèque de Bologne par Kal au début du film, puis sa rencontre avec son gardien, enfin les projections qu’ils organisent pour la dernière communauté sur Terre, vont tous les reconnecter avec le monde d’avant. La reconstitution de la première caméra des frères Lumière va même leur permettre d’enregistrer les dernières images d’une humanité condamnée.
Si Nossiter traite de la négligence des hommes envers leur planète nourricière - sujet au centre de ses films -, il déclare dans Last Words son amour du cinéma. A la projection des nombreux films dans le film, un spectateur s’exclame que les personnages sur l’écran sont "plus vivants qu’eux-mêmes". Magnifique métaphore du 7e art, qui semble faire écho au "bigger than life" ("plus grand que la vie") qui qualifie souvent aujourd’hui le cinéma, tel un slogan.
Ces ultimes spectateurs vont-ils vouloir devenir comme ces fantômes de lumière qui s’agitent devant leurs yeux émerveillés. Grâce à la caméra bricolée par Kal, ils vont devenir "plus vivants" à leur tour. Rarement film n’aura imagé une telle ode au cinéma. Nossiter laisse au vestiaire tout réalisme narratif, tout en filmant des images réalistes de son monde fictionnel. Si Last Words pourrait commencer par l’introduction aux Enfers de la Divine comédie de Dante, "Toi qui entres ici, abandonne tout espoir", le cinéaste relativise son pessimisme en percevant dans le cinéma une résilience salvatrice. Magnifique.
La fiche
Genre : Science-fiction / Drame
Réalisateur : Jonathan Nossiter
Acteurs : Nick Nolte, Kalipha Touray, Charlotte Rampling, Stellan Skarsgård, Alba Rohrwacher, Maryam D'Abo
Pays : Etats-Unis / France / Italie
Durée : 2h06
Sortie : 21 octobre 2020
Distributeur : Jour2Fête
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Synopsis : En 2085, la Terre n’est plus qu’un immense désert. Les derniers survivants se rejoignent à Athènes, appelés par un ultime espoir... Et si l’Humanité parvenait à trouver la plénitude alors même que tout s’écroule et qu’elle est condamnée ? L’histoire étonnante de la fin du monde, vécue de manière tendre et joyeuse, par les cinq derniers êtres humains.
"Last Words" : Jonathan Nossiter filme une Terre postapocalyptique où le cinéma a le dernier mot
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Cinéaste militant de la cause environnementale, chantre d’une viticulture raisonnée, lui-même agriculteur américain vivant en Italie, Jonathan Nossiter (Mondovino) adapte Mes derniers mots de Santiago Amigorena dans Last Words, qui sort mercredi 21 octobre. Sélectionné au Festival de Cannes 2020, Nick Nolte, Charlotte Rampling, Stellan Skarsgård et le débutant Kalipha Touray, y campent les derniers survivants sur Terre après l’apocalypse.
En 2085, la Terre n’est plus qu’un désert peuplé de survivants isolés. Parmi eux, Kal découvre de mystérieuses bandes de celluloïds recouvertes d’images, en provenance de Bologne, dont il ne comprend pas le sens. Arrivé sur place, il tombe sur un vieil ermite qui l’initie au cinéma. Informés de l’existence de terres cultivables à Athènes, ils y trouvent une communauté à laquelle ils projettent des films. Tous y reconnaissent les dernières traces d’une humanité pleine de vie.
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