"Le Beau Rôle" ou comment le succès au cinéma fait exploser un couple de théâtre

Nora (Vimala Pons) et Henri (William Lebghil) s'aiment d'amour tendre, mais comment s'y prendre quand Henri flirte avec le succès et décroche un beau rôle au cinéma.
Article rédigé par Christophe Airaud
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
Vimala Pons et William Lebghil dans "Le beau rôle" réalisé par Victor Rodenbach (JONAS FILMS)

Le Beau Rôle, dans les salles mercredi 18 décembre, réalisé par Victor Rodenbach avec Vimala Pons, William Lebghil et Jérémie Laheurte, raconte le péril amoureux entre deux acteurs. Un milieu que le réalisateur connaît bien. Scénariste, il a coécrit Platane avec Eric Judor, crée Stalk avec Simon Bouisson sur France.tv et scénarisé des épisodes de Dix pour cent (saison 4).

Son film peut ressembler à une autobiographie : "les mondes du théâtre et du cinéma me sont très familiers, puisque je suis scénariste depuis douze ans et que ma compagne, Pauline Bayle, est metteuse en scène de théâtre", explique le réalisateur. Le beau rôle est son premier long-métrage.

Le beau rôle d'Henri sème la zizanie

Nora et Henri s'aiment à la scène comme à la ville, selon l'expression consacrée. Ils montent ensemble au théâtre de Reims, un Ivanov de Tchekhov. Bande de jeunes comédiens doués et créatifs, les mots crus et cruels du russe fascinent Nora, brillante, prometteuse et hyperactive metteuse en scène.

Henri, son comédien et amoureux, la bade et la troupe s'ébroue joyeusement. Jusqu'au jour où... Henri passe des castings et obtient un beau rôle au cinéma. Le succès guette, il va falloir choisir : entre le film et la pièce. Ce qui fait dire à Nora, les larmes aux yeux lors d'une scène de séparation en pleine nature champenoise. Quitter le spectacle, c'est la quitter elle : "Comment tu peux croire que ce n'est pas la même chose ?". 

C'est Noël, vive la comédie de remariage

Le beau rôle ressemble à une comédie romantique de Noël, une comédie de remariage. Le metteur en scène l'avoue : "Ce qui m'intéresse depuis le début, c'est le sentiment amoureux. Je n'ai pas préalablement choisi le schéma du remariage, mais il s'est imposé à moi. (...)  Le film ne répond pas pour autant à tous les codes de la comédie de remariage, mais j'y ai beaucoup pensé en concevant le film. J'aime l'optimisme de ces films qui me semble très courageux et j'avais intuitivement envie de raconter l'histoire d'un couple qui avait déjà un passé."

Ce sont aussi deux milieux qui délicatement, par petites touches impressionnistes, s'opposent. Nora, à la tête de sa compagnie est une guerrière, une battante, elle s'occupe de tout, c'est elle qu'on appelle quand tout s'écroule.

Vimala Pons et William Lebghil, en pleine scene de ménage dans "Le Beau rôle" (JONASFILMS)

C'est elle qui gère par exemple un scénographe un peu perché, qui crée un magnifique décor, une véritable patinoire, mais inutilisable si les comédiens ne sont pas équipés de chaussures à crampons. Guère adapté à l'univers déconfit et bourgeois de Tchekov. 

Henri, sur le plateau du tournage, ou comme lors des castings, est un pierrot lunaire un peu à la ramasse : "je m'appelle Henri, comme dans Balavoine", dit-il. Il a perdu sa "pygmalionne" et à l'opposé d'elle et de sa détermination, il s'est englué dans le monde parisien du cinéma auquel il est incapable de résister. 

Une comédie pour deux talents

Vimala Pons, remarquée dans La fille du 14 juillet aux côtés de Vincent Macaigne, a une filmographie riche, de Bruno Podalydès à Christophe Honoré. Elle est impeccable dans ce rôle de metteuse en scène en survêt rouge, citant à la fois Retour vers le futur 2 et le philosophe Wittgenstein pour diriger ses acteurs. Rien ne l'arrête, sauf le beau rôle de son mec.

Son mec, William Lebghil, comme Vincent Lacoste, débute avec Riad Sattouf dans la série Mes Colocs et l'inénarrable Jacky au royaume des filles. Il incarne un Henri trop doux pour affronter un milieu du cinéma un brin brutal.

Victor Rodenbach a dirigé William Lebghil avec des références dessinées : "Nous avons évoqué avec Victor certains films new-yorkais des années 1960-70 et des dessins de Sempé qui, chacun à sa manière, faisaient ressentir de manière saisissante l'égarement de personnages dans des villes trop grandes pour eux". C'est vrai que William Lebghil dans son beau rôle semble parfois sortir de ces croquis de Sempé, d'une solitude évaporée.

Vimala Pons dans le rôle de la metteuse en scéne dans "Le beau Rôle" de Victor Rodenbach (JONASFILMS)

Théâtre ou cinéma : pourquoi choisir ? La réponse est celle de Vimala Pons sur l'antenne de France Culture. "Il n'y a pas de différence pour moi. L'art que j'essaye d'exercer est l'interprétation, ce qui est notre superpouvoir à tous."

Avec ce casting judicieux, auquel s'ajoute un Salif Cissé en Ivanov à tirer des larmes lors de son monologue amoureux éperdu, et Jérémie Laheurte, beau comme un prince de cinéma, Le beau rôle, malgré parfois un scenario et un propos un peu ténus, raconte que les histoires d'amour ne finissent pas toujours mal.

La fiche

Genre : comédie romantique
Réalisateur :  Victor Rodenbach
Acteurs :  William Lebghil, Vimala Pons, Jérémie Laheurte
Pays : France
Durée : 1h 24
Sortie : Mercredi 18 décembre 2024
Distribution : Jour2fête et Jonas Films

Synopsis : Depuis des années, Henri et Nora partagent tout : ils s'aiment et elle met en scène les pièces dans lesquelles il joue. Quand Henri décroche pour la première fois un rôle au cinéma, la création de leur nouveau spectacle prend l'eau et leur couple explose. Est-il possible de s'aimer sans s'appartenir complètement ?

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