"Le Collier rouge" : Jean Becker adapte fidèlement Jean-Christophe Rufin
Cas de conscience
Le centenaire de l’armistice de 1918 nous a valu récemment deux beaux films, "Au revoir là-haut" d’Albert Dupontel et "Les Gardiennes" de Xavier Beauvois. Après l’évocation des morts sur le front et celle des femmes restées à l’arrière, "Le Collier rouge" se consacre aux rancœurs des poilus envers ceux qui les ont envoyés dans les tranchées d’une guerre sans précédent.En 1919, Moriac (Nicolas Duvauchelle) reçoit en prison un juge (François Cluzet) venu pour le sortir d’un faux pas qui peut lui valoir plusieurs années de prison, alors qu’il a été décoré de la Légion d’Honneur pour héroïsme. Son geste ne sera connu qu’à la fin du film, alors que le juriste désabusé cherche à le soustraire à son sort, et que sa compagne a accouché d’un fils. Un cas de conscience qui met en perspective le vécu des poilus, l’hypocrisie de la nation, et la vision de la guerre par l’arrière.
Premiers pacifistes
Cette équation qui a parcouru toute la durée du conflit et l’immédiat après 14-18, a vu naître les premiers pacifistes et antimilitaristes. Moriac les a rejoints, tout comme ce juge averti de cette position dès l’ouverture du film raconté en flash back. Par son propos, "Le Collier rouge" leur est dédié, et c’est la force du film, après le roman, de mettre ce propos en avant. François Cluzet, déjà présent dans "L’Eté meurtrier", fait le job, alors que Nicolas Duvauchelle et Sophie Verbeeck sont des plus touchants.Jean Becker ne brille pas, malgré sa filmographie fournie, par l’inventivité. Il reste dans les clous d’une mise en scène classique, avec quelques retours en arrière, et des scènes de combat bien menées. Le récit originel demeure et est bien traduit du roman de Rufin, mais reste l’impression de voir un bon téléfilm au cinéma.
LA FICHE
Réalisateur : Jean Becker
Pays : France
Acteurs : François Cluzet, Nicolas Duvauchelle, Sophie Verbeeck, Jean-Quentin Chatelaib, Patrick Descamps, Maurane
Sortie : 28 mars 2018
Synopsis : Dans une petite ville, écrasée par la chaleur de l’été, en 1919, un héros de la guerre est retenu prisonnier au fond d’une caserne déserte. Devant la porte, son chien tout cabossé aboie jour et nuit. Non loin de là, dans la campagne, une jeune femme usée par le travail de la terre, trop instruite cependant pour être une simple paysanne, attend et espère. Le juge qui arrive pour démêler cette affaire est un aristocrate dont la guerre a fait vaciller les principes. Trois personnages et, au milieu d’eux, un chien, qui détient la clef du drame…
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