"Le Dernier loup" : Jean-Jacques Annaud raconte les loups de Mongolie
4 / 5 ★★★★☆
De Jean-Jacques Annaud (France/Chine), avec : Feng Shaofeng, Shawn Dou, Ankhnyam Ragchaa - 1h55 - Sortie : 25 février 2015
Synopsis : 1969. Chen Zhen, un jeune étudiant originaire de Pékin, est envoyé en Mongolie-Intérieure afin d’éduquer une tribu de bergers nomades, dans le cadre de la Révolution culturelle. Mais c’est véritablement Chen qui a beaucoup à apprendre – sur la vie dans cette contrée infinie, hostile et vertigineuse, sur la notion de communauté, de liberté et de responsabilité, et sur la créature la plus crainte et vénérée des steppes – le loup. Séduit par le lien complexe et quasi mystique entre ces créatures sacrées et les bergers, il capture un louveteau afin de l’apprivoiser. Mais la relation naissante entre l’homme et l’animal – ainsi que le mode de vie traditionnel de la tribu, et l’avenir de la terre elle-même – est menacée lorsqu’un représentant régional de l'autorité centrale décide par tous les moyens d’éliminer les loups de cette région.
Révolution culturelle
Coproduction franco-chinoise, "Le Dernier loup" a été proposé par la Chine à Jean-Jacques Annaud, ce qui est plutôt singulier, d'autant que le film se déroule durant la Révolution culturelle de la fin des années 60. Grand bien soit-il, tant le réalisateur met son sens de l'épique au service d'une histoire forte et touchante, avec en arrière plan cette période douloureuse, délicate à traiter pour un Occidental, qui risque à tout moment d'être confronté à la censure.
Situé en Mongolie-Intérieure, "Le Dernier loup" donne avant tout l'occasion d'admirer de magnifiques images de ce vaste pays, avec ses steppes herbeuses et ses hautes montagnes. Mais le film n'est pas un documentaire et l'intrigue, fondée sur le déplacement forcé de deux étudiants pékinois, n'ignore pas le contexte politique de l'époque et la confrontation de deux cultures. Car si Chen Zhen (Feng Shaofeng) et Yang Ke (Shawn Dou) sont en charge d'éduquer à la chinoise une tribu de bergers, le premier va véritablement se transformer à leur contact.
Craint et vénéré
"Le Dernier loup" s'apparente donc à un récit initiatique, où l'adoption d'un louveteau par Chen Zhen va être le catalyseur. Il va apprendre le culte des loups entretenu pas les autochtones, son sens mystique et écologique dans l'écosystème local. Craint et vénéré, le loup doit être éradiqué aux yeux des Chinois qui le réduisent à son rôle de prédateur des troupeaux de moutons et de chevaux. Les Mongols vont tenter de tempérer cette vision, tout en pratiquant eux-mêmes une régularisation des populations lupines, en accord avec leurs croyances.
La meute de loups du film est particulièrement impressionnante. Notamment lors d'une chasse contre un troupeau de chevaux qu'elle guide vers un lac gelé, dont la glace rompt sous leur poids, piège implacable, connu des carnassiers. Si "Le Dernier loup" n'est pas dénué d'un message écologique et d'une ode au rapprochement entre les peuples, il n'est pas angélique et repose sur une dramaturgie forte. Après les échecs de "Sa Majesté Minor" et "Or noir", Jean-Jacques Annaud renoue avec la réussite et devrait retrouver son public.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.